Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon a de nouveau reporté la publication du budget d’un Québec souverain, cette fois en raison d’une élection partielle à Québec et malgré le fait que le document aura selon lui un effet positif pour son parti.
Jeudi matin, il n’avait pas écarté la possibilité de présenter ce document durant la campagne en cours dans Jean-Talon, qui se conclura par un vote prévu le 2 octobre.
En fin d’avant-midi, son cabinet a fait savoir que la date retenue serait le 23 octobre, même si un local avait pourtant déjà été réservé pour septembre et que le budget est déjà prêt à être présenté.
Lors d’un point de presse qui a suivi, en marge d’une réunion de son caucus, M. St-Pierre Plamondon a déclaré que la publication du budget de l’an 1, déjà reportée à de nombreuses reprises, mobiliserait la moitié de son équipe pendant la campagne électorale.
« Il est vraiment ici question de ressources, a-t-il dit. On ne peut pas mener campagne dans Jean-Talon et, tout à coup, suspendre pendant une semaine toutes nos annonces parce qu’on parle d’un autre sujet qu’on peut facilement traiter le 23 octobre. »
Le chef du Parti québécois (PQ) a affirmé qu’il veut se consacrer à des sujets, comme le coût de la vie, ce que la publication du budget empêcherait.
« On craint que notre espace médiatique, au lieu d’être consacré à notre partielle dans Jean-Talon, soit consacré à un tout autre sujet, ce qui nous empêche de facto de mener campagne. »
Impact positif
M. St-Pierre Plamondon a soutenu que la divulgation du budget d’un Québec souverain, qui vise à actualiser les chiffres établis par François Legault quand il était au PQ, aura un effet positif sur sa formation politique.
« Les gens seront, je ne peux pas dire enthousiastes, parce que ça dépend des gens, mais les gens seront très satisfaits de la rigueur et de ce que signifient ces travaux-là. »
Dans sa mêlée de presse matinale, M. St-Pierre Plamondon a accusé la Coalition avenir Québec (CAQ) de récupérer les stratégies du Parti libéral du Québec de Jean Charest en utilisant la souveraineté pour effrayer les électeurs de Jean-Talon, où caquistes et péquistes sont nez à nez dans cet ancien bastion libéral.
« Elle a déjà commencé à le faire. Mon collègue Pascal Bérubé m’a rappelé comment Jean Charest opérait. Il y a beaucoup de points similaires », a-t-il dit.
Selon lui, la CAQ récupère aussi les stratégies électorales de l’Union nationale, comme l’illustre, selon lui, le slogan caquiste pour la partielle, « Gardons Jean-Talon dans le gouvernement ».
« Ce sont des slogans qui ne visent pas à bâtir, à inspirer, mais plutôt à susciter une crainte dans la population », a-t-il dit.
En début de semaine, M. Legault a affirmé qu’il ne serait pas question de souveraineté cet automne, mais du coût de la vie. M. St-Pierre Plamondon a affirmé qu’il parlerait du rapport avec le Canada et de l’indépendance du Québec.
« Un quatrième député fait avancer l’indépendance, le Parti québécois, la démocratie », a-t-il affirmé en souhaitant l’élection de son candidat péquiste dans Jean-Talon, Pascal Paradis.
Un porte-parole de l’organisation de la candidate caquiste dans Jean-Talon, Marie-Anik Shoiry, a aussitôt répliqué.
« La priorité du PQ, c’est la promotion de la souveraineté du Québec, a déclaré l’attaché de presse Thomas Bélanger. La priorité de Jean-Talon et de Marie-Anik Shoiry, c’est le coût de la vie. Les électeurs de Jean-Talon jugeront. »
Coût de la vie
M. St-Pierre Plamondon a continué à faire campagne sur les promesses brisées de M. Legault, comme il l’a fait notamment avec le troisième lien autoroutier. Selon lui, M. Legault a rompu un engagement de la campagne de 2018 en renonçant à rembourser des montants perçus en trop par Hydro-Québec, ce que le chef caquiste dénonçait.
« Il manque toujours 1,5 milliard à rembourser de son engagement solennel et qu’il l’envoie dans la poche de familles qui ont de la misère à faire leur épicerie », a-t-il dit.
Le PQ se servirait de cette somme pour accorder des bons d’épicerie aux familles. Cette aide financière varierait de 562 $ à 350 $, suivant le revenu familial allant de 100 000 $ à 160 000 $.
Cette mesure fait partie de six propositions visant à lutter contre l’inflation. Le PQ offrirait aussi des repas aux élèves du primaire le midi, une mesure chiffrée à 340 millions.
Pineau et Paradis
Paul St-Pierre Plamondon a accusé les caquistes d’avoir voulu discréditer un chercheur du domaine de l’énergie, qui a démissionné d’un comité gouvernemental cette semaine, en utilisant les mêmes stratégies qu’avec son candidat Pascal Paradis.
« On a utilisé un modus operandi très similaire à ce qu’on a réservé à Pascal Paradis, à savoir prétendre qu’il était en conflit d’intérêts pour le miner, discréditer sa décision de se retirer, a-t-il dit. Et c’est faux, il n’était pas en conflit d’intérêts. »
Pierre-Olivier Pineau a annoncé cette semaine qu’il quittait le Comité consultatif sur les changements climatiques, en raison de désaccord sur son rôle. Il a dû se défendre après la diffusion d’allégations de conflits d’intérêts à son sujet dans les médias.
Mercredi, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a nourri cette thèse, en faisant toutefois très attention de ne pas nommer M. Pineau.
« Je sais qu’il y a des discussions assez franches, sinon des tensions au niveau du comité par rapport à un possible conflit d’intérêts », a-t-il dit.
La semaine dernière, la CAQ a diffusé des informations révélant que M. Paradis avait discuté avec la CAQ d’une candidature aux dernières élections générales.
M. St-Pierre Plamondon a accusé M. Charette de vouloir discréditer M. Pineau parce qu’il critique les orientations du gouvernement. « C’est cette manière qu’a le ministre caquiste de vraiment tenter de miner la personne pour contrer toute critique contre ce gouvernement-là », a-t-il dit.