Québec serre la vis aux conducteurs

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a dévoilé une nouvelle stratégie nationale pour améliorer la sécurité sur les routes du Québec. Le gouvernement mise sur la réduction de la vitesse à 30 km/h partout autour des écoles, sur un contrôle accru par radar photo et sur des pénalités plus sévères pour les contrevenants.

Au total, 47 mesures, dont 27 majeures, sont annoncées pour un programme de correction étendu sur cinq ans (2023-2028). Le ministère allonge un budget de 186 millions de dollars pour la mise en oeuvre de sa stratégie. Les sommes aideront les villes à réaménager les environs des écoles et à accroître l’offre d’infrastructure de transport actif.

Le Plan d’action en sécurité routière (PASR) a été dévoilé mardi matin à Montréal par la ministre Guilbault. Elle était accompagnée de son collègue de l’Éducation, Bernard Drainville.

« Le plan que je présente repose sur la Vision Zéro, concept introduit en Suède en 1997 qui repose sur le principe que le seul nombre acceptable de décès ou de blessures sur les routes, c’est zéro, a dit Mme Guilbault. C’est en quelque sorte une espèce d’asymptote vers laquelle il faut tendre. Il faut faire des aménagements selon une approche qu’on appelle le système sûr. Il faut tenir compte des aménagements, des infrastructures, de la sécurité des véhicules, du comportement des usagers pour faire en sorte de réduire au minimum les risques d’erreurs, leurs incidences et leur gravité dans les accidents potentiels. »

La cible déjà fixée par la Politique de mobilité durable 2030 vise la réduction de 25 % des décès et des blessés graves d’ici la fin de la décennie. La Ville de Montréal a déjà adhéré à la Vision Zéro avec un objectif de faire disparaître les décès et les blessés graves d’ici 2040.

Dans les faits, le bilan routier du Québec ne s’améliore pas. Il reste encore désolant cette année. Au 30 juin, le décompte faisait état de 144 morts sur les routes, exactement le même bilan létal qu’à la même période en 2022. L’année dernière, au total, 392 personnes sont mortes sur les routes, le pire bilan de la dernière décennie.

Le nombre de piétons morts en 2022 (79) représentait à lui seul une augmentation de près de 23 % par rapport à la moyenne de 2017 à 2021. Le décès de Mariia, réfugiée ukrainienne de 7 ans qui se rendait à l’école, à Montréal, en décembre 2022, a particulièrement choqué. Mme Guilbault a évoqué ce drame pour justifier l’urgence d’agir.

Des réactions positives

 

Le ministère des Transports a consulté beaucoup de groupes et d’associations pendant les derniers mois pour peaufiner son projet. Des dizaines de représentants de ces « partenaires » étaient présents mardi matin à la conférence de presse.

Les réactions recueillies sur place sont largement favorables aux mesures annoncées. « C’est majeur de voir que le ministère des Transports décide que la Vision Zéro va dorénavant guider les décisions en matière de sécurité et de mobilité. C’est un excellent point de départ », dit Jeanne Robin, directrice principale de Vivre en ville et présidente de Piétons Québec.

Elle mise particulièrement sur les réaménagements structurels. « Actuellement, les rues sont conçues pour permettre une vitesse élevée des véhicules motorisés. On va plutôt stimuler les villes qui voudront concevoir des rues pour la sécurité des usagers vulnérables. »

Catherine Ricard, membre du collectif Pas une mort de plus, se réjouit aussi de cet aspect. Son fils Jules a été heurté mortellement en 2019 par une automobiliste qui n’a jamais été accusée au criminel. « Il ne faut pas que ça concerne seulement les nouvelles écoles, dit-elle. Il faut que ça change pour tous les piétons et cyclistes du Québec. Il y a toute une culture de la mobilité à refaire. »

Séverine Le Page, de l’organisme Vélo fantôme, qui installe des bicyclettes commémoratives sur les lieux d’accidents mortels impliquant des cyclistes, rappelle que tout le débat sur la sécurité routière survient alors que le nombre et la taille des véhicules ne cessent d’augmenter sur les routes. « Aux Pays-Bas, il y a plus de vélos que d’habitants, dit-elle. Ici, on a presque autant d’autos que d’habitants. Le ministre Fitzgibbon a raison : il faut moins d’autos. Il faut des mesures pour limiter le nombre de voitures privées. »

Elle ajoute que certaines des mesures annoncées existent déjà et n’ont jamais été appliquées, celle sur la limite de 30 km/h autour des écoles, par exemple. « Je suis allée en Suède récemment. Tout le monde respecte les limites de vitesse. Il y a des radars aux 200 ou aux 300 mètres. Ici, dès qu’on apprend à conduire, on se fait dire : “La vitesse est de tant, mais tu peux la dépasser sans problème.” On a un problème de culture ambiante et on ne pourra pas en changer seulement avec des panneaux. »

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