De passage à Montréal vendredi, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a réitéré que le gouvernement du Québec n’avait aucune intention d’éponger à 75 % les déficits des sociétés de transport, comme le demandent les maires de la région de Montréal. Selon elle, les sociétés de transport devraient resserrer leurs dépenses avant d’envisager la fermeture du métro à 23 h et une réduction de services.
Au lendemain de la sortie commune des maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour un meilleur financement de Québec dans le transport collectif, la ministre Guilbault a plaidé en faveur de mesures d’optimisation pour les sociétés de transport.
« Moi, je n’ai rien à voir dans les décisions et dans les opérations [des sociétés de transports]. C’est tout géré ailleurs. Mais là, quand il y a un déficit, on s’attend à ce que moi, j’en paie 75 % », a-t-elle dit lors d’un point de presse à l’issue d’une rencontre des partenaires de Mobilité Montréal.
La ministre s’est demandé où le gouvernement devrait prendre l’argent réclamé par les villes. « Dans le logement ? Dans les services publics ? Dans la santé publique ? » Geneviève Guilbault a fait valoir que le gouvernement payait déjà amplement sa part dans les transports collectifs, notamment dans le prolongement de la ligne bleue du métro, « qui va coûter une fortune », l’électrification des flottes d’autobus et le tramway à Québec.
« Il y a des nécessités d’être efficace, de s’auto-examiner, de peut-être revoir la façon de gérer tout ça, parce qu’on ne peut pas éternellement demander de l’argent au gouvernement et mettre des milliards à l’infini dans le transport collectif », a-t-elle dit.
Le dialogue avec les villes n’est pas rompu et les discussions se poursuivront, mais le temps commence à manquer, car les villes doivent boucler leurs budgets prochainement. La Presse révélait vendredi matin que Québec s’apprêtait à bonifier son offre en proposant de faire passer de 150 à plus de 200 millions son aide pour 2024.
Rappelons que la semaine dernière, la ministre avait indiqué que Québec limiterait à 20 % sa contribution visant à éponger le déficit projeté de 2,5 milliards de dollars sur cinq ans des sociétés de transport collectif du Québec.
Geneviève Guilbault a mentionné son intention de mettre sur pied un comité qui se penchera sur une révision du modèle de financement des transports en commun et sur l’optimisation des opérations des sociétés de transport.
Imputabilité
Une réduction des services de transport en commun aura sans aucun doute des impacts sur les activités économiques et le commerce de détail, a reconnu le p.-d.g. de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.
Toutefois, selon lui, la menace de fermeture du métro à 23 h et de réduction du service d’autobus fait partie d’un exercice de négociations. « Présentement, il y a une discussion de négociation. On sort un peu d’épouvantails ici et là », a-t-il admis tout en insistant sur l’importance pour la région de Montréal d’avoir un système de transport collectif fonctionnel en soirée « comme dans toutes les grandes villes de la planète ».
M. Leblanc dit comprendre l’attitude du gouvernement dans ce dossier. « Dans le milieu des affaires, on croit beaucoup dans l’imputabilité des centres décisionnels. Une bonne pratique dans le milieu des affaires, c’est de dire : “Si tu as un budget, tu es responsable de l’utilisation de ton budget” », a-t-il relaté.
