Chess-Rogue-Like
Rogue Like ou Rogue Lite, ne lançons pas le débat. Toujours est-il que Shotgun King : The Final Checkmate a du rogue dans le sang. On pourrait même dire que toute son hémoglobine a le parfum d’un rogue à l’ancienne, rugueux, âpre et terriblement addictif. Son concept tient sur un coin de nappe blanche : dans le Royaume des Échecs, le Roi Noir se vautrait dans la débauche. Ses troupes ont donc fini par mettre les voiles et sont allées rejoindre les ouailles du Roi Blanc. Motivé par une envie de vengeance et de violence gratuite, le Roi Noir se lève un matin, brandissant son fidèle fusil à pompe, et décide d’aller montrer aux fidèles du Roi Blanc qui est le Patron.
Manette en main, c’est donc dans l’écorce d’ébène du Roi Noir que l’on part à l’assaut des forces ennemies. Des règles traditionnelles du jeu d’échecs, Shotgun King ne garde que la taille du plateau de 64 cases, les modalités de déplacements des pièces (et encore, on pourra s’en affranchir – nous y reviendrons -), et les règles du Mat : quand votre roi est susceptible d’être fait prisonnier au tour suivant, et qu’aucun mouvement ne vous permet d’y échapper, c’est le game over. Quant à vous, pour remporter la victoire, il faudra réduire à néant le nombre de points de vie du Roi Blanc adverse.

Z’avez pas vu ma cartouchière ?
Ce sera seul que le Roi Noir devra affronter les rangs du Roi Blanc. Comme pour le jeu d’échecs classique, les hostilités ont lieu au tour par tour. À chaque tour de jeu, le Roi Noir peut se déplacer d’une case dans n’importe quelle direction, tirer sur l’ennemi ou recharger son arme, le fusil à pompe ne pouvant embarquer qu’une quantité limitée de cartouches, il faudra gérer ses munitions sous peine de devoir perdre plusieurs tours de jeu pour pouvoir recharger sereinement. Si les déplacements sont limités, le Roi Noir peut compter sur un système de capture d’âme fort pratique. En éliminant une pièce ennemie, on pourra utiliser son âme pour profiter de ses capacités de déplacements pendant un tour : si l’on tue un fou, il est possible d’utiliser son essence pour se déplacer en diagonale sur tout le plateau, ou bénéficier du mouvement en L du cavalier si l’on a éliminé celui-ci au préalable.
Mais les festivités commencent réellement une fois sa première salve d’ennemis vaincue. Une fois un niveau terminé, après avoir réduit à l’état de particules élémentaires le Roi Blanc adverse, le jeu proposera au joueur de choisir un bonus : augmentation de la distance de tir, pouvoir se déplacer sur une plus grande distance, accroissement du nombre de cartouches disponibles, apparitions de cases bonus sur le plateau, possibilités de capturer des âmes supplémentaires… Le titre propose plus d’une cinquantaine de bonus en tout genre dont on pourra disposer. Cependant cette puissance nouvelle a sa contrepartie : à chaque fois que l’on choisira un bonus, l’adverse en recevra un également (apparition d’une reine sur le plateau, de plusieurs fous, d’un bouclier pour son roi…), augmentant ainsi le challenge à chaque niveau. Les Blancs eux aussi bénéficient d’une palette d’une cinquantaine de bonus aléatoires.

Battle Chess
Shotgun King déploie son concept dans trois modes de jeu : Trône, Infini et Traque. Le premier nécessite de de parvenir au niveau 12 et d’en triompher pour remporter la partie. Chaque run terminé permet d’accéder à un rang de difficulté accrue, qui vont de 1 (la promenade de santé) à 15 (un avant-goût de l’enfer). Le mode Infini, comme son nom l’indique, propose un enchainement sans fin de niveaux. Enfin, le mode Traque où l’on subira les attaques permanents de vagues d’ennemis coriaces au possible. Rogue-like oblige, on meurt beaucoup, et chaque échec (oui c’était facile) nous renvoie au début du niveau 1. Mais on revient toujours plus fort, avec une expérience accrue, et toujours plus de savoir-faire. Car les bonus sont une chose, mais pour sortir vainqueur du challenge proposé, c’est bien sur ses méninges qu’il faudra compter avant tout.
Du point de vue esthétique, le studio Punkcake Délicieux (Benjamin Soulé et Rémy Devaux, duo très productif de développeurs de jeux avec plus d’une quinzaine de titres disponibles sur itch.io en moins de 2 ans !) a opté pour une direction artistique s’appuyant sur un pixel art volontairement très rétro, qui renvoie aux belles heures de la génération NES/Mega Drive. Shotgun King : The Final Checkmate s’affiche même avec un splendide filtre CRT, transformant l’écran de jeu en un superbe tube cathodique virtuel. Un filtre vidéo dont on pourra adapter l’intensité, ou s’en débarrasser, par un simple tour dans les options du jeu.
À la question qui fâche, à savoir “à qui s’adresse Shotgun King ?”, la réponse est plutôt complexe : à ceux qui détestent les échecs, certes ; à ceux qui les adorent, bien sûr ; mais surtout aux amateurs de défi très relevé. Car si le jeu propose un tutoriel assez clair, il faut tout de même avoir un minimum de bagage échiquéen pour pouvoir s’immerger avec aisance dans l’expérience conçue par Punkcake Délicieux. Au rayon des regrets, on pourra simplement noter l’absence de mode multijoueur, car en asymétrique la proposition aurait pu être particulièrement réjouissante.
Shotgun King : The Final Checkmate est désormais disponible sur consoles pour la modique somme de 12,99€ (mention spéciale à la version Switch, le titre adoptant à merveille la proposition de jeu mobile). Pour information, le titre est toujours disponible sur itch.io pour moins de 10€, et cet achat vous octroie une clé gratuite pour la version Steam.