Tesla vous ment sur l’autonomie de ses voitures électriques

Les voitures Tesla ne sont pas aussi endurantes qu’elles le prétendent. Une enquête de la célèbre agence Reuters révèle que le constructeur a surestimé l’autonomie réelle de ses voitures électriques. L’idée ne serait pas nouvelle et c’est Elon Musk en personne qui serait à l’origine de cette décision. « Elon voulait montrer de bons chiffres d’autonomie à pleine charge », explique une source sous couvert d’anonymat. « Lorsque vous achetez une voiture qui a une autonomie de 350 miles [environ 560 km], 400 miles [environ 400 km], vous vous sentez bien », ajoute-t-elle.

À la demande d’Elon Musk, Tesla a truqué son logiciel pour gonfler l’autonomie affichée

Une Tesla Model 3 revendique entre 354 km et 602 km selon le cycle WLPT, en fonction de la version. Dans les faits, l’autonomie réelle dépend de nombreux facteurs comme le vent, le parcours, la température ou l’activation de certaines options (chauffage ou climatisation). Le problème est que les algorithmes de Tesla ne tiennent pas compte de ces conditions dans l’affichage de l’autonomie. Il faut attendre que la batterie passe sous la barre des 50 % pour que le véhicule affiche des projections plus réalistes. Elon Musk aurait décidé de surestimer l’autonomie des Tesla afin de convaincre le grand public de passer à l’électrique.

En effet, la question de l’autonomie reste un sujet majeur pour les conducteurs. Elle a même été le principal obstacle à l’augmentation des ventes de véhicules électriques. Tesla ne serait d’ailleurs pas le seul à constructeur à se montrer trop optimiste sur l’autonomie de ses voitures. Expert en automobile, Gregory Pannone est aussi à l’origine d’une étude portant sur 21 marques différentes électriques. Cette dernière révèle que les voitures testées affichaient une autonomie inférieure de 12,5 % à celle annoncée en conduite sur autoroute. Si les marques testées ne sont pas directement nommées, le spécialiste confirme que trois modèles de Tesla affichaient les pires performances (-26 % en moyenne par rapport à la promesse).

Tesla déjà sanctionné pour publicité mensongère

Les petits arrangements de Tesla ne sont pas totalement inconnus. En janvier, la marque américaine a déjà écopé d’une amende de 2,2 millions de dollars en Corée du Sud pour publicité mensongère. L’autorité de la concurrence sud-coréenne reprochait à la firme d’Elon Musk d’avoir menti sur l’autonomie de ses véhicules, alors que celle-ci peut être divisée par deux par temps froid. Tesla a aussi été jugé fautif de ne pas avoir averti ses clients sur le fait que « la vitesse de charge varie de façon significative selon le type de chargeur, la température extérieure et le niveau de charge de la batterie ». Six mois plus tard, en juin dernier, Tesla finalement indiqué reconnu sur son site coréen avoir induit les consommateurs en erreur.

De son côté, Gregory Pannone explique : « Je ne dis pas qu’ils [Tesla] trichent ». « Ce qu’ils font, au minimum, c’est de tirer davantage parti des procédures actuelles [liées au calcul de l’autonomie] que les autres constructeurs ».

Une équipe spéciale pour étouffer les plaintes

L’enquête prend encore une autre tournure en révélant que Tesla a créé une équipe chargée d’étouffer l’affaire. Cette dernière était chargée de récolter les plaintes concernant les questions liées à autonomies, pour mieux les faire disparaître. Dans la plupart des cas, l’équipe expliquait au client qu’il s’agissait d’une usure classique de la batterie pour justifier de l’écart d’autonomie. Elle proposait au passage des conseils pour améliorer la conduite et allonger la durée de vie de la batterie.

L’équipe de Tesla pouvait aussi réaliser un diagnostic à distance, expliquant là encore qu’il n’y avait pas de problème. Ces téléconseillers avaient aussi pour ordre de pas informer le client si le diagnostic montrait un autre problème qui n’était pas lié avec l’autonomie. À la place, ils devaient clôturer les dossiers.

Tesla a aussi mis à jour son application afin d’empêcher les clients se plaignant de l’autonomie de prendre un rendez-vous. Le constructeur proposait à ces propriétaires de voitures de Tesla de les rappeler, en faisant tout pour faire traîner l’affaire. Il est difficile de connaître le nombre de clients concerné, mais l’équipe spéciale de Tesla aurait traité jusqu’à 2 000 dossiers par semaine rien qu’aux États-Unis.

Reuters n’a pas été en mesure de vérifier si Tesla utilise toujours des algorithmes pour gonfler les performances de ses véhicules. Néanmoins, des spécialistes automobiles s’accordent sur le fait que l’entreprise surévalue toujours l’autonomie de ses voitures électriques. La marque, qui a vendu environ 1,3 million de véhicules dans le monde en 2022, n’a pas souhaité réagir. De son côté, Elon Musk semble actuellement préoccupé par la transformation de Twitter en X.