Il y a quelques années encore, l’acteur anglais Jason Statham était surtout célèbre pour ses films d’action axés sur sa virtuosité au combat à mains nues, sa « signature ». Mais voici qu’en 2018, The Meg (Mégalodon), dans lequel il affronte un requin géant, le plongea dans un type différent d’aventures. Malgré des recettes costaudes (plus de 500 millions de dollars américains), ce n’est que cinq ans plus tard que paraît la suite : une anomalie à Hollywood. Statham est de retour, mais le réalisateur Jon Turteltaub a cédé la place à Ben Wheatley : une autre anomalie, ce dernier étant réputé pour ses — formidables — films d’horreur minimalistes, et non pour les superproductions extravagantes. Le résultat déçoit.
Comme son prédécesseur, The Meg 2 : the Trench (Mégalodon 2 : la fosse) est basé sur un des romans de la série écrite par Steve Alten. On y retrouve Jonas Taylor, d’emblée en pleine mission en haute mer. Comprendre : donner une raclée à l’équipage de navire pollueur. Mais ce n’est là qu’un prologue. Rapidement, on revient à cette fosse sous-marine si profonde qu’elle abrite dans ses tréfonds des mégalodons prisonniers d’une barrière gazeuse.
Évidemment, Jonas et ses compagnons (dont la jeune Meiying, à présent sa belle-fille) iront à nouveau explorer lesdits tréfonds, et évidemment encore, ladite barrière gazeuse sera perforée dans des circonstances que l’on taira, avec les conséquences qu’on imagine.
Fidèle à la philosophie dominante en matière de suites, laquelle fut en partie instaurée jadis par Jaws 2 (Les dents de la mer 2), tiens, The Meg 2 propose plus de péripéties, plus de scènes de mégalodons, qui sont en l’occurrence plus nombreux, et enfin, plus d’espèces de monstres marins, point.
Le scénario n’en sent pas moins souvent la redite, surtout avec son choix de « méchant en chef » dont l’identité est trop facile à deviner, ainsi que lors de l’apothéose finale dans un archipel touristique.
Sursauts et frustrations
L’antagoniste fourbe et ses sbires se révèlent tous assez insignifiants, idem pour leurs destins funestes respectifs. De telle sorte qu’ils ne représentent jamais une réelle menace : exit la tension. Le niveau de jeu fluctuant, désormais une constante dans cette saga, n’aide pas (Statham maîtrise en revanche parfaitement son personnage).
Le seul suspense qui reste émane donc des fameux requins, encore une fois conçus aux moyens d’effets spéciaux remarquables. En 3D, leurs frasques et attaques donnent lieu à quelques sursauts et fous rires volontaires, le film ayant l’intelligence de ne pas du tout se prendre au sérieux.
Comme dans le film de 2018, le « gore » est très limité, production grand public oblige : on est loin des réjouissants excès sanguinolents du remake de Piranhas, signé Alexandre Aja, voire de l’original de Joe Dante, qui parodiait Jaws (Les dents de la mer).
Les séquences sur le plancher océanique, lors du premier acte, sont les plus réussies, et on en aurait pris davantage. Hélas, tout s’enchaîne à la va-vite, narrativement parlant, au gré de développements chaotiques.
Bref, The Meg 2 en met plein la vue, mais s’avère très frustrant, même pour qui est disposé à être effrayé et diverti en toute légèreté. Ces requins-là manquent de mordants.