Touché Dequoy, ou quand une injustice est « ressentie par plusieurs milliers de Québécois »


Le demi défensif des Alouettes de Montréal, vainqueur de la Coupe Grey, a touché le coeur des Québécois par sa performance, son émotion et la défense du français. Il est notre Personnalité de l’année 2023, catégorie « Sports ».

La phrase pourrait être intronisée comme mème de l’année. « Gardez-le, votre anglais ! » a tonné avec émotion Marc-Antoine Dequoy en entrevue d’après-match après avoir conquis la Coupe Grey — remportée in extremis par la marque de 28-24. 

Les amateurs de football ont rapidement dévoré cette cerise sur le gâteau de la victoire, la première des Alouettes en 13 ans. Rarement a-t-on vu un tel coup de gueule nationaliste rallier tout le monde, y compris tous les partis politiques à l’Assemblée nationale. Même les chroniqueurs de The Gazette ont applaudi.  « La place de la langue française est un enjeu de société et non un enjeu politique », a répété le demi défensif sur toutes les tribunes. 

« C’est intéressant de voir comment une injustice que je ressentais a été ressentie par plusieurs milliers de Québécois », réitère-t-il encore en entrevue au Devoir. « Ce n’est pas la même injustice, mais des injustices similaires : le parler dans leur compagnie, ou dans leur sport à eux. Tout le monde s’est approprié la situation. » 

Cette défense du français n’est pas sortie de nulle part bien que le cri ait été spontané. D’abord, un Québécois nationaliste en la personne de Pierre Karl Péladeau a racheté en début de saison l’équipe montréalaise. Puis, une dizaine de Québécois figuraient parmi les 45 joueurs de la formation partante des Alouettes. Enfin, l’identité québécoise francophone avait mijoté sous les casques toute la saison des Als. Dès le premier jour de la saison, l’entraîneur Jason Maas avait forcé tous ses athlètes à apprendre les mots de base du français, comme « bonjour », « merci », « en forme », livre Marc-Antoine Dequoy. « Ça avait toute l’importance du monde. Ce n’est pas ça qui a fait le touché gagnant, mais c’est une chose qui fait que moi, je sens que je fais partie de l’équipe. Ça a aidé à créer une cohésion. Je n’ai jamais senti un vestiaire aussi fort uni que cette année dans les Alouettes. » 

Malgré tout, la Ligue canadienne de football (LCF) n’avait prévu aucun affichage bilingue lors de cette finale, un événement qui se déclare  représentatif des deux langues officielles du pays. 

Au-delà des exploits sportifs et sociaux de Dequoy, par ailleurs élu meilleur joueur canadien de la division Est de la LCF, c’est tout le football québécois qui a remporté les honneurs cette année. Les Carabins ont remporté la deuxième Coupe Vanier de leur histoire. Ce n’est pas rien. Il s’agit de la sixième victoire  en dix ans pour une formation québécoise.

L’équipe de l’Université de Montréal, l’alma mater de Dequoy,  a profité de ce moment football pour faire un clin d’oeil à son ancien athlète en modifiant sa fiche d’ancien joueur. Son programme d’étude : doctorat en entrevue d’après-match. Sa position : futur premier ministre. En vérité, de l’aveu de Dequoy lui-même, son prochain objectif n’a rien de politique. Il tentera plutôt d’instaurer dans les années à venir « une dynastie » pour les Alouettes dans la LCF.

Les finalistes : les jeunes retraités (Laurent Duvernay-Tardif, Christine Sinclair, Olivier Aubin-Mercier) et les basketteurs canadiens

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