Un bassin-versant, une seule et même norme. Les villes de Québec, Stoneham et Lac-Delage entendent unir leurs forces pour moderniser 1600 fosses septiques dont la vétusté compromet la santé du lac Saint-Charles, une source d’eau potable où s’abreuvent plus de 300 000 personnes.
Les trois villes entendent adopter ce printemps une nouvelle réglementation qui obligera le remplacement de toutes les fosses septiques désuètes sur leur territoire d’ici 2027. Quelque 1600 d’entre elles ont plus de 25 ans, dont 400 datent de plus de trois décennies.
Leur étanchéité laisse aujourd’hui à désirer et ces fosses laissent maintenant ruisseler plusieurs contaminants, majoritairement de l’azote et du phosphore, jusqu’aux eaux du lac Saint-Charles. En raison de la pollution, ce dernier a vieilli d’un quart de siècle entre 2008 et 2012.
La réglementation s’accompagnera d’un programme de subvention doté d’une enveloppe totale de 60 millions de dollars. Le gouvernement du Québec accorde 40 millions dans ce chantier, les villes de Québec, de Stoneham et de Lac-Delage fournissent la différence.
Les propriétaires concernés par la nouvelle réglementation pourront piger dans un fond gouvernemental pour mettre à jour leur installation septique. Cette aide couvrira 66 % des coûts jusqu’à concurrence de 30 000 $. Les villes de Stoneham et de Québec ont prévu un financement pour éponger la différence. « Les gens vont rembourser la partie manquante à même leur compte de taxes, explique Louis Desrosiers, le directeur du projet. Ils n’ont donc pas à sortir un sou de leur poche. »
Cette façon commune de préserver une ressource collective doit faire école au Québec, croit le maire de la capitale, Bruno Marchand.
« La biodiversité ne respecte pas nos territoires de ville, l’eau potable non plus, indique-t-il. Nous avons la volonté de travailler ensemble mais même si nous ne l’avions pas, nous serions condamnés à le faire. »
Pourquoi offrir un financement public pour le remboursement d’installations privées ? Aux yeux du maire de Stoneham-et-Tewkesbury, Sébastien Couture, il s’agit d’abord et avant tout d’« un problème collectif ».
« Nous payons les réseaux d’égout ; pourquoi nous laisserions tomber ceux qui n’ont pas accès à ce réseau-là ?, interroge-t-il. J’aimerais aussi rappeler que l’ensemble des municipalités au Québec ont émis ces permis de construction-là. Nous ne ferions peut-être pas la même chose aujourd’hui, mais ce n’est pas le temps de les laisser tomber et de dire aux propriétaires de s’arranger avec leur problème. »
Le glas des foyers à bois
La Ville de Québec a aussi annoncé, lundi, la fin prochaine des foyers au bois décoratifs sur son territoire. La santé publique a notamment pointé ces derniers du doigt pour expliquer la piètre qualité de l’air de la basse-ville.
« À partir du 1er janvier 2024, il sera interdit d’installer des nouveaux foyers d’ambiance sur le territoire de la Ville de Québec », indique Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif et responsable des dossiers environnementaux au sein de l’administration Marchand.
À l’horizon 2030, Québec entend les interdire purement et simplement. D’ici là, les propriétaires de tels foyers devront les déclarer à la Ville avant le 1er avril prochain. L’ensemble des poêles, fournaises et chaudières au bois qui ne respectent la certification exigée par la Ville ne devra plus servir à partir du 1er septembre 2026.
Les propriétaires d’appareils non conformes pourront souscrire à une subvention pour les remplacer. Celle-ci peut éponger jusqu’à 90 % des dépenses engagées jusqu’à concurrence de 1000 $.
La Ville de Québec a aussi annoncé la mise en ligne, dans un format accessible à la population, des indicateurs tirés du ministère de l’Environnement sur la qualité de l’air. « Le Port de Québec aussi, en toute transparence, nous a transmis certains éléments de leur station de mesure », a précisé la conseillère. Celle-ci précise qu’il ne s’agit pas « de nouvelles données ».
« Ces données existent déjà, mais nous allons les regrouper ensemble dans un dossier interactif, souligne Marie-Josée Asselin. L’idée, c’est de les rendre utilisables par le citoyen moyen qui n’a pas une connaissance de tous ces fichiers-là en données ouvertes. »
La qualité de l’air préoccupe la population de la basse-ville. Deux rapports parus cette année ont confirmé des concentrations anormalement élevées de particules fines dans certains secteurs, notamment Limoilou, où cohabitent notamment l’incinérateur, le Port de Québec et plusieurs autoroutes.