Le ton à l’égard du gouvernement israélien se durcit peu à peu à Ottawa. Dans une longue déclaration d’une dizaine de minutes mercredi matin, le premier ministre Justin Trudeau a à nouveau appelé à une pause humanitaire dans la bande de Gaza — une pause « significative », cette fois.
« Il faut que cette pause nous permette d’envoyer de l’aide réelle et substantielle pour aider cette crise humanitaire abominable pour les civils à Gaza », a-t-il affirmé.
Malgré la pression exercée par de nombreux députés fédéraux en faveur d’un cessez-le-feu, le premier ministre Trudeau préconise plutôt des « pauses humanitaires » depuis les dernières semaines.
Pendant qu’il tenait son discours, un modeste rassemblement de manifestants propalestiniens défilait dans les rues sur la colline du Parlement, réclamant du gouvernement un appel en faveur d’un cessez-le-feu. Mardi, un groupe de plusieurs organisations humanitaires a aussi formulé cette demande.
La pause humanitaire réclamée par le gouvernement est également insuffisante pour le chef du Bloc québécois (BQ) Yves-François Blanchet, qui a rejoint les rangs du Nouveau Parti démocratique (NPD) pour appeler à un cessez-le-feu mercredi.
« Donc les mots “trêve humanitaire”, je crois qu’il faut aller au-delà de ça. Je crois que c’est en retard sur la réalité qu’on observe dans la bande de Gaza, que le ton doit monter et que la considération de mesures plus concrètes pour sauver des vies humaines doit être initiée le plus rapidement possible », a déclaré le chef en point de presse en présence de tous ses députés.
« J’invite donc d’une part, le premier ministre du Canada, bien sûr, et madame Joly à réfléchir très vite à cette option », a ajouté M. Blanchet.
Le Bloc, le NPD et le Parti vert du Canada sont les seuls partis à se positionner en faveur d’un cessez-le-feu. Une vingtaine de députés libéraux ont également fait part ouvertement de leur demande en ce sens.
Pour le député libéral Anthony Housefather, les divisions au sein du caucus libéral sur la question sont somme toute normales. « C’est une grande force du Parti libéral, nous représentons tout le monde. Nous avons des discussions qui sont parfois difficiles, tout le monde a le droit de prendre position », a-t-il déclaré aux journalistes mercredi.
Appel au calme
Face à la montée « épouvantable » de l’antisémitisme et de l’islamophobie au pays, Justin Trudeau a aussi lancé un appel au calme mercredi matin.
« On voit depuis trop de jours maintenant une montée épouvantable de l’antisémitisme, des attaques contre des synagogues, des manifestations haineuses et ciblées sur des entreprises juives, des centres communautaires, des garderies juives. C’est inacceptable », a-t-il déploré. Il a invité les Canadiens à rester unis et « mieux s’écouter » dans le contexte du conflit qui sévit depuis maintenant plus d’un mois.
Le député Anthony Housefather a réagi aux propos de l’imam montréalais Adil Charkaoui lors d’une manifestation en appui à la Palestine à la fin d’octobre. Ce dernier aurait prié Dieu pour qu’il s’« occupe » des Israéliens. « Dieu, charge-toi des sionistes agresseurs ».
« Je crois que ça dépasse la ligne criminelle et j’espère que les policiers vont agir », a affirmé M. Housefather, qui est de confession juive.
Le ministre des Transports et lieutenant du Québec, Pablo Rodriguez, a quant à lui qualifié les propos de M. Charkaoui de « haineux et dangereux ».
Lors de son point de presse, Yves-François Blanchet a aussi qualifié les propos de M. Charkaoui de criminels. En mêlée de presse mardi après-midi, le premier ministre François Legault s’est lui aussi indigné, affirmant qu’il s’agit d’« incitation à la haine, à la violence ».