Ubisoft Montréal veut forcer ses employés à revenir en présentiel – Actu

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Ubisoft Montréal se retrouve donc face à une révolte interne. Au-delà d’un souci de préférences, une partie de leur salariat n’est tout simplement plus localisé à Montréal, requérant un déménagement express pour satisfaire la direction. Grands princes, les pontes d’Ubi leur donnent huit semaines de battement pour trouver un nouveau logement – si tant est qu’ils peuvent “prouver” leur situation. Pour tous les autres, c’est retour obligatoire deux jours par semaine “sans exception“, ce qui risque tout de même de chambouler l’organisation de certaines familles au pied levé.

Crise de confiance

D’après IGN, les réactions des employés sur Mana, l’intranet d’Ubisoft, ont été extrêmement virulentes, et les réactions de la direction sont loin d’apaiser l’incendie. IGN ont pu consulter des documents internes attestant que “le 100% distanciel sera possible selon différents critères, dont la productivité et l’impact au sein de l’équipe ainsi que la nature du travail effectué“. Rien n’indiquait que cette politique puisse un jour être brutalement abrogée.

Nos confrères dépeignent un studio déjà fragilisé après une grosse vague de départs en 2021, causée par les réponses institutionnelles insuffisantes au regard des scandales de harcèlement sexuel touchant le groupe Ubisoft. La branche montréalaise a déjà augmenté les salaires, ainsi que la quantité de congés payés, pour cajoler ses forces vives, mais ces avantages n’arrivent manifestement pas à gommer la rupture de confiance envers la hiérarchie. On peut aussi théoriser que le studio est sous pression niveau travail, ayant récemment récupéré le re-reboot de Prince of Persia : Les Sables du Temps, un projet sous tension qui n’a plus le droit à la moindre erreur auprès des fans. Entre vieux restes de harcèlement impuni et charge de travail, la réputation étincelante d’Ubisoft Montréal prend de gros coups dans la tronche.

Ubisoft Montréal a souhaité réagir à l’article d’IGN, indiquant que “des conversations ouvertes et des ajustements individuels profonds sont en cours pour faciliter cette transition et son impact sur le bien-être de chacun, qui reste notre priorité numéro pour continuer de créer de grands jeux“. Toutefois, au vu de la situation, il semble que ce ne soit pas tant la politique que la perte de confiance supplémentaire qui puisse réellement nuire à la cohésion d’équipe. Cela rappelle le récent scandale sur la monétisation d’Unity où, malgré un rétropédalage éclair à s’en déchirer les cuisses, nombre de développeurs ont préféré fuir la plateforme que risquer de subir un autre revirement de situation unilatéral.

Ailleurs dans le monde, c’est aussi une mauvaise idée

Plus tôt dans l’année, Activision Blizzard (qui d’autre…) a déjà tenté le retour forcé au bureau, exigeant trois jours de présence minimum à partir du 10 avril. Après l’action présentéiste vinrent les conséquences : de nombreux employés Blizzard ont déploré le départ immédiat de “personnes fantastiques“, selon les témoignages rapportés par Kotaku, départs qui ont significativement troué les plannings organisationnels. Vu leur obsession pour la reconstitution historique à travers Assassin’s Creed et For Honor, Ubisoft Montréal pourraient tirer des leçons du passé. Il faut croire que les RH tardent à saisir les tendances du marché de l’emploi.

Rappelons que la branche londonienne d’Ubisoft, dédiée à la franchise mobile Hungry Shark, vient de clore ses portes. 54 travailleurs et travailleuses se retrouvent sur le carreau alors que leurs propriétés intellectuelles et responsabilités sont mutées vers le studio Ubisoft Barcelone Mobile.

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