Un représentant trumpiste accablé par un rapport du comité d’éthique de la Chambre

Jamais deux sans trois. Vendredi, le président du comité d’éthique de la Chambre des représentants aux États-Unis, le républicain Michael Guest, a déposé une résolution réclamant pour la troisième fois depuis le début de l’année l’expulsion du représentant républicain de l’État de New York George Santos.

Ce menteur notoire et affabulateur effréné vient d’être passablement écorché par un rapport accablant d’un comité d’enquête du Congrès dévoilé jeudi et révélant que l’élu, trumpiste de stricte obédience, a violé plusieurs lois pénales fédérales, avant et depuis son entrée en poste.

« Les preuves découvertes par le sous-comité d’enquête [du comité d’éthique] ont révélé qu’on ne peut pas faire confiance au représentant George Santos », résume le rapport de 56 pages. « À presque chaque occasion, il a placé son désir de gain personnel avant son devoir de faire respecter la Constitution, la loi fédérale et les principes éthiques. »

Arrivé au Congrès lors des élections de mi-mandat de 2022, où il représente un district électoral à l’est de la ville de New York, George Santos s’est rapidement fait remarquer en raison des nombreux fils blancs qui tissent le récit de son ascension politique. Il a prétendu être un riche et prospère homme d’affaires, petit-fils de survivants de l’Holocauste, détenteur d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université de New York ayant travaillé chez Citi Group et Goldman Sachs. Il a dit posséder plus d’une dizaine de propriétés et être le bénéficiaire d’une fiducie familiale valant des millions de dollars que sa mère, décédée des années après les attentats du 11 septembre en raison de problèmes de santé liés à cette tragédie, lui aurait laissés.

« Aucune partie de cette histoire ne s’est révélée vraie », résume le rapport du comité d’enquête.

Pis, George Santos a profité de sa situation de représentant et de figure montante au sein de l’aile radicale du Parti républicain pour détourner des milliers de dollars des fonds de sa campagne et ce, afin d’entretenir le mythe qu’il a construit, les extravagances de son quotidien et attirer de généreux donateurs vers lui. Ses déclarations sont « remplies de mensonges destinés à le faire paraître plus riche qu’il ne l’était et renforçait le personnage fictif qu’il avait concocté en déclarant faussement plus d’un demi-million de dollars de prêts à l’État », peut-on lire.

Ironiquement, Donald Trump fait actuellement face à la justice de l’État de New York pour des raisons presque similaires. Il est accusé d’avoir surévalué la valeur de son empire immobilier pour profiter de prêts plus généreux et pour frauder les assurances.

Le comité d’éthique de la Chambre souligne aussi que plusieurs milliers de dollars des fonds de la campagne de George Santos ont été illégalement détournés vers des dépenses personnelles, pour l’achat de produits de luxe — entre autres dans une boutique Hermès —, de « Botox », pour des visites de spa, des séjours dans un hôtel d’Atlantic City et dans un hôtel de Las Vegas, à une époque où pourtant le député disait à son personnel être « en lune de miel ».

Il a également dépensé plus de 3300 $ US en un week-end pour une location Airbnb dans les Hamptons, alors qu’il disait être en congé et a fait des « petits achats » sur OnlyFans, un espace numérique spécialisé dans la diffusion de contenus pour adultes, précise le rapport.

Au total, le représentant s’est rendu coupable de 23 infractions criminelles, comprenant également une fraude à l’assurance-chômage de 24 000 $ US durant la pandémie, alors qu’il occupait un emploi rémunéré à hauteur de 120 000 $ US. En mai dernier, George Santos a été inculpé par la justice américaine pour fraude électronique, blanchiment d’argent, détournement de fonds publics et de fausses déclarations à la Chambre des représentants. Il a plaidé non-coupable.

Jeudi, le principal intéressé a déclaré qu’il ne se représenterait pas pour sa réélection en 2024, mais a qualifié de « sale » le rapport d’enquête qui désormais l’accable. « Ce que le “comité d’éthique” a fait aujourd’hui ne faisait pas partie d’une procédure régulière, c’est du poison… », a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter). « C’est un acte sale et partial qui bafoue tous mes droits. »

La motion appelant à son expulsion de la Chambre, où les républicains tiennent une majorité mince, pourrait être soumise au vote dans la dernière semaine de novembre. À ce jour, George Santos a survécu à deux tentatives d’expulsion par ses pairs. Si elle était adoptée, cette motion ferait de lui le sixième député expulsé de la Chambre des représentants dans l’histoire des États-Unis, et surtout le premier à l’être sans avoir été reconnu coupable d’accusations criminelles. Cela forcerait également la tenue d’une élection partielle dans son district, un ex-bastion démocrate, qu’il a fait passer en 2022 dans les mains des républicains.

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