Démarrer une entreprise et assurer sa croissance exige un effort colossal. S’il existe des programmes gouvernementaux par dizaines pour aider les entrepreneurs, encore faut-il que ces derniers trouvent les programmes appropriés pour leurs projets et qu’ils soumettent des demandes. La jeune pousse montréalaise Panna pense que l’intelligence artificielle (IA) peut simplifier tout ça.
Panna est une petite entreprise d’une douzaine d’employés fondée en 2021 dont la mission est d’aider les entreprises québécoises qui oeuvrent dans le secteur de l’innovation à obtenir sans trop d’effort toute l’aide gouvernementale non remboursable et non dilutive qu’il leur est possible de recevoir. La jeune pousse dit pouvoir aller chercher pour ses clients des aides de toutes sortes, allant des quelques centaines de dollars nécessaires à l’embauche de stagiaires aux millions de dollars requis pour l’investissement d’un nouveau marché.
Panna dit compter environ une centaine de clients à l’heure actuelle, au Québec principalement. L’entreprise dit ne pas être elle-même à la recherche de financement additionnel, mais elle compte prendre de l’expansion très bientôt ailleurs au Canada et, plus tard, aux États-Unis.
Sa carte de visite est plutôt intéressante : elle assure que dans plus de 80 % des cas, les entreprises qu’elle a aidées dans les deux dernières années ont obtenu l’aide gouvernementale désirée dans la première année de leur relation d’affaires. L’entreprise va tout de même un peu plus loin que ce premier coup de pouce : elle bâtit avec ses clients un échéancier qui s’étale sur trois ans et grâce auquel ils peuvent espérer soumettre une demande à un peu plus d’une douzaine de programmes d’aide par année.
« C’est un processus clés en main », assure Florence Samson, une gestionnaire de projet qui est appelée à devenir la directrice générale de Panna dans les prochains jours. « Il comporte trois étapes : on fait le tri parmi plus de 12 000 programmes d’aide financière qui existent aux niveaux fédéral et provincial, on trouve ceux pour lesquels l’entreprise peut appliquer, et on effectue la rédaction et la planification des demandes. »
Passer en revue 12 000 programmes gouvernementaux est une tâche ardue. Panna est en train de mettre au point un système automatisé qui fera le travail à sa place et qui lui permettra de doubler la vitesse à laquelle elle répond aux demandes de ses clients, poursuit Florence Samson.
« Notre IA est à l’étape de la conception, elle n’est pas encore entièrement complète, mais on l’utilise déjà à l’interne, dit-elle. Elle nous aide à trouver plus rapidement les programmes d’aide les plus appropriés selon les critères des entreprises qu’on aide. »
Financement sans conditions
Dans la vingtaine, Raphaël Bernier et Virgil Sammartin se sont rencontrés durant leur emploi précédent, au sein de l’incubateur pour jeunes entreprises de Longueuil Continuums. Leur rôle d’accompagnement auprès d’autres entreprises leur a permis de constater qu’il existe un gouffre entre les programmes d’aide mis en place par les gouvernements et les plus petites entreprises, qui n’ont pas toujours le temps ni les ressources pour demander à recevoir cette aide. C’est ce qui a mené à la création de Panna.
Les deux cofondateurs ont dû eux-mêmes passer au peigne fin les programmes d’aide pour lancer leur propre entreprise. Aujourd’hui, ils appliquent ce qu’ils ont appris pour aider leurs clients. « On se présente comme un modèle pour nos clients, confirme Florence Samson. Nous avons appliqué pour des subventions pour lancer Panna, nécessaires pour notre croissance, mais qui n’ont pas dilué notre propriété. »
Pour une jeune pousse issue des secteurs innovants, cette notion de dilution n’est pas banale. Les investisseurs privés qui sont prêts à soutenir des entreprises en démarrage ou, ensuite, dans des étapes de forte croissance de leur chiffre d’affaires exigent en contrepartie de leur appui financier une prise de participation, ce qui ne fait pas l’affaire de tous les entrepreneurs.
Or, il existe toutes sortes d’aides gouvernementales destinées aux entreprises qui en sont à leurs premières années d’existence, surtout à celles spécialisées dans des secteurs d’affaires jugés prometteurs, comme les technologies numériques. « C’est quand même assez vaste, ça peut être des technologies agricoles, des outils d’intelligence artificielle, et autre chose », dit Florence Samson.