Dans les premières minutes du gala, Pierre-Yves Lord s’est confié sur son état mental des derniers jours : « J’étais stressé, j’étais nerveux, je ne mangeais plus, je ne dormais plus. La nuit où j’ai réussi à dormir, j’ai rêvé que je faisais de l’insomnie ! » a dit en blague l’animateur. La nervosité ne paraissait pas du tout en lever de rideau, dimanche, au Gala des 38es prix Gémeaux, qui présentaient pour la première fois des catégories non genrées.
Ayant la difficile tâche de succéder à Véronique Cloutier, qui a été à la barre de la soirée à neuf reprises depuis 2008, « PY » a eu droit aux mots d’encouragement de Véro à la toute fin d’une édition spéciale de l’émission Retour vers la culture, qui précédait le gala. S’en est suivi un long numéro musical où l’animateur, installé aux platines, a fait danser le théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
La lutte s’annonçait féroce entre La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé et Avant le crash pour le titre de la meilleure série dramatique. Si la première a fait le plein de récompenses, c’est cette dernière qui a remporté les grands honneurs. Forte de 10 nominations, la série sur le monde de la finance a mis la main sur un seul prix, le plus prestigieux.
La récolte a toutefois été faste pour Laurier Gaudreault, qui a gagné 6 prix sur 12 nominations. Les acteurs Patrick Hivon (meilleur premier rôle) et Anne Dorval (meilleur rôle de soutien) ont été couronnés pour leur interprétation dans une série dramatique. L’oeuvre s’est aussi démarquée au Gala de l’industrie, jeudi dernier, et au Gala d’ouverture, dimanche après-midi, où Xavier Dolan a été sacré meilleur réalisateur pour une série dramatique.
Le succès de Laurier Gaudreault, dont Xavier Dolan signe les textes et la réalisation, va-t-il encourager son créateur à poursuivre son parcours au petit écran ? Il s’était montré ouvert à cette éventualité en juillet dernier, lorsqu’il avait affirmé ne plus vouloir réaliser de films. Parions que cette belle performance nourrira sa réflexion.
S’adressant à Xavier Dolan au moment de cueillir son prix, Anne Dorval y est allée d’un discours émouvant : « Dans le premier épisode de Laurier Gaudreault, tu m’as vieillie de 20 ans, tu m’as fait mourir. Mais dans le même épisode, tu m’as ressuscitée […] À chaque fois que je suis au bord du gouffre, j’ai l’impression que tu me ressuscites un peu. »
Du côté des séries dramatiques quotidiennes, Indéfendable, favorite de la soirée avec 14 nominations, a dû se contenter du prix — mais pas le moindre — de la « série dramatique quotidienne ». Charles Lafortune en a profité pour livrer un plaidoyer pour la télévision québécoise en acceptant le prix.
Malgré des nominations deux fois moins nombreuses qu’Indéfendable, sa rivale STAT a eu la main plus heureuse, repartant avec les titres de meilleur premier rôle pour Suzanne Clément, meilleur rôle de soutien pour Geneviève Schmidt et meilleur texte pour Marie-Andrée Labbé. Plus tôt en après-midi, Danièle Méthot avait été sacrée meilleure réalisatrice pour une série dramatique quotidienne.
Complètement lycée a, quant à elle, été couronnée meilleure comédie ou comédie dramatique. Simon Boulerice a été récompensé pour ses textes (série dramatique) avec Chouchou, et le titre de meilleure série dramatique annuelle est allé à Alertes.
Interprétation non genrée
La section québécoise de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision avait annoncé en décembre dernier que les catégories d’interprétation seraient désormais non genrées. L’Académie avait justifié son choix par un souci d’inclusivité, mais aussi pour dynamiser le gala en le rendant plus court.
Cette décision ne fait pas l’unanimité, certaines personnes se réjouissant que les artistes non binaires n’aient plus à choisir une catégorie genrée, alors que d’autres craignent que cela avantage les candidatures masculines. Des expériences semblables aux prix Grammy et Juno ont d’ailleurs amené leurs lots de critiques, les nominations et lauréats masculins étant souvent plus nombreux que leur contrepartie féminine.
Le travail d’élagage fait est flagrant : on trouve cette année plusieurs dizaines de catégories de moins qu’à l’édition précédente. Désormais, ce sont huit finalistes au lieu de cinq qui se disputent les trophées d’interprétation. Tous les yeux étaient rivés vers les premiers lauréats ou lauréates qui l’emporteraient dans leur catégorie respective.
C’est Jade Charbonneau qui a brisé la glace en après-midi, au Gala d’ouverture, en s’imposant comme meilleur premier rôle (jeunesse) pour Lou et Sophie, une émission jeunesse qui s’est démarquée avec 8 nominations.
Au gala principal, en ouverture, Pierre-Yves Lord appelait « les gars » et « les filles » à faire le plus de bruit possible, avant de se faire rappeler à l’ordre : « C’est bien trop genré pour les Gémeaux ! » l’a-t-on averti. Un clin d’oeil qui a mis la table pour les cinq femmes qui sont reparties avec des trophées dans les six catégories d’interprétation.
Pour leurs premiers rôles, on trouve notamment Catherine Trudeau pour Les moments parfaits (série dramatique annuelle) et Christine Beaulieu pour L’oeil du cyclone (comédie ou comédie dramatique). Sur scène, cette dernière a tenu à livrer un message aux mères : « On espère, toute l’équipe, que L’oeil du cyclone vous allège un peu, vous aide et vous fait prendre conscience de la valeur de votre rôle de maman, beaucoup plus déterminant et crucial que n’importe quel rôle présenté ce soir. »
À l’animation, les résultats sont paritaires : Jean-Philippe Dion (émission ou série : entrevues ou talk-show), France Beaudoin (émission spéciale ou série : variété ou arts de la scène), Katherine Levac (humour) et Mathieu Pichette (jeunesse).
Appelés à voter pour leur série préférée, les téléspectateurs ont accordé le prix du public à Discussions avec mes parents. « C’est le premier prix que cette émission gagne en six ans », a souligné François Morency en allant chercher son trophée. « Que ce soit le prix du public est, ma foi, tout sauf un hasard […] Vous êtes le seul et ultime jury. »
Liste des lauréats des 38es prix Gémeaux
Que retenir du Gala d’ouverture ?
Survol du Gala de l’industrie
Le succès de Laurier Gaudreault, dont Xavier Dolan signe les textes et la réalisation, va-t-il encourager son créateur à poursuivre son parcours au petit écran ?