cette chose essentielle qui manque et qui gâche tout

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Le réalisateur Michael Chaves avait annoncé que La Nonne : la Malédiction de Sainte-Lucie serait plus gore que les autres films de la saga… Sauf que le résultat manque en fait cruellement d’hémoglobine.

Lors de la promotion du dernier volet en date du ConjuringVerse, La Nonne : La malédiction de Sainte-Lucie, le réalisateur Michael Chaves a fait une annonce un peu particulière. En effet, celui qui avait déjà réalisé La Malédiction de la Dame Blanche et Conjuring 3 a annoncé que des images supplémentaires avaient été tournées suite à une projection-test, pour renforcer l’aspect sanglant du film.

Selon lui, il fallait s’aligner sur le désir du public et s’écarter du côté propret du ConjuringVerse, qui brille plus par les atmosphères pesantes que par les effusions de peinture rouge.

 

La Nonne 2 : photoQuand il faut poser une question à la dame du CDI

 

sang pour sang faux

Michael Chaves a déclaré à Entertainment Weekly que “la version initiale était déjà plus violente qu’un Conjuring classique. Je pense que le public a suivi cette évolution, cette renaissance du genre, et ils ont donc vu beaucoup de films d’horreur et beaucoup de violence. Ils en voulaient encore plus, et nous leur avons donné avec plaisir”. De quoi mettre l’eau à la bouche des amateurs de gore et les encourager à se ruer sur le film… Mais surtout de quoi décevoir grandement une fois devant le fait accompli.

Car à défaut d’être plus violent que ses prédécesseurs, La Nonne 2 l’est même encore moins. Le bodycount se résume à peine aux doigts d’une demi-main, et l’hémoglobine demeure aux abonnés absents (à quelques gouttes près). Sans dévoiler le contenu de la séquence, on peut effectivement concéder une mort un peu spectaculaire pour mettre en appétit, mais la proposition s’arrête là. Plus tard dans le film, un autre personnage (tout à fait insignifiant au sein de l’histoire, et qui ne sert qu’à être dégommé) est contraint de lâcher la rampe, mais la mise en scène est surdécoupée de manière à ce que la violence soit très peu visible à l’écran et diluée dans le montage.

 

La Nonne 2 : Photo Taissa FarmigaVade retro Farmiga

 

retour au couvent

Bref, s’il s’agissait de réconcilier les fans de jus de cervelle avec la saga, c’est raté, et maintenant que le film est sorti, la déclaration de Chaves semble n’avoir été qu’un pur effet d’annonce. Pourtant, dans le précédent volet réalisé par Gary Dauberman (qui, vous l’aurez vu venir, porte un nom adéquat à la qualité de son film), une tendance plus violente avait été amorcée.

La Nonne (premier du nom) s’ouvrait sur une scène de pendaison explicite, suite à laquelle le corps en décomposition était retrouvé, laissant une flaque de sang sous lui. Nombre de corps plus ou moins bien conservés étaient montrés, et ça tirait même au fusil à pompe dans de la nonne zombie. Ajoutez à ça quelques scarifications et autres pains dans la tronche, et on obtenait un ensemble certes mauvais et toujours assez sage, mais déjà plus sale que dans les autres films du ConjuringVerse. Une direction que la suite de Chaves délaisse complètement, malgré ce qu’annonçait la promo.

 

La Nonne 2 : photoUn film de capes et de capes

 

la malédiction de Saint-Hollywood

Et pourtant, il ne s’agit pas de vouloir absolument que les films de la saga deviennent gores pour relever le niveau : plus de sang ne veut pas forcément dire plus de peur ou plus de qualité. Mais l’adoucissement général du ton des derniers volets – allant de pair, ici, avec des messages à la limite du prosélytisme catho-tradi – donne l’impression que le ConjuringVerse (tout comme les multivers de super-héros) s’inscrit de plus en plus dans une morale puritaine qui refait étonnamment surface à Hollywood. Plus ça va et plus les grosses productions se refusent à représenter la mort ou la souffrance de manière réaliste et grave, ce qui pose encore bien plus problème dans un film d’horreur que dans un énième Ant-Man.

En plus de mener le public sur une fausse piste, une déclaration comme celle de Chaves montre à quel point les responsables actuels de la saga ferment les yeux sur cet assagissement général, et la perte d’enjeux que cela entraîne nécessairement dans un film de l’univers Conjuring où la mort (et la violence qui va avec) est un élément central. À ce rythme, la suite du ConjuringVerse sera digne des productions les plus kids friendly de Disney ou ne sera pas.

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