Densifier les sites de HLM, une solution à la crise du logement ?

Afin d’accélérer la construction de logements sociaux, Québec devrait profiter de la rénovation d’habitations à loyer modique (HLM) vétustes pour densifier les sites où ces immeubles se trouvent, estiment des organismes de défense de locataires. Pour l’ensemble du Québec, une telle stratégie permettrait d’ajouter des milliers de logements au parc immobilier de HLM, selon eux.

Rue Viau à Montréal, à quelques pas de la station de métro du même nom, un immeuble d’une quarantaine de logements HLM est barricadé. Il y a sept ans, les locataires ont dû quitter les lieux en raison de la présence de moisissures. Depuis ce temps, les fenêtres sont condamnées. 

La situation pourrait changer dans les prochaines années puisqu’en vertu d’une entente entre Ottawa et Québec, 3,1 milliards de dollars ont été débloqués en juin dernier pour rénover les HLM au Québec. L’immeuble vide de la rue Viau, tout comme les autres bâtiments que comptent les Habitations Boyce-Viau, pourrait donc être rénové.

La Fédération des locataires de HLM du Québec (FLHLMQ) et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) estiment toutefois que les autorités devraient profiter des travaux de rénovation pour ajouter un ou deux étages à l’immeuble barricadé ainsi qu’aux autres bâtiments de l’ensemble immobilier. Une telle stratégie permettrait d’ajouter 70 logements aux Habitations Boyce-Viau, qui ont été construites au début des années 1970 et qui comptent un total de 204 logements. « Il faut faire d’une pierre deux coups », croit Patricia Viannay, organisatrice communautaire à la FLHLMQ. « On ne peut pas se permettre de faire des travaux et de se dire, dans dix ans, qu’on aurait dû rajouter un étage. C’est maintenant qu’il faut le faire. »

Cette formule pourrait être reproduite partout au Québec, car le programme de rénovation des HLM touchera 2879 ensembles immobiliers cotés E (en très mauvais état) depuis cinq ans. À Montréal, 244 des ensembles immobiliers feront l’objet de travaux d’ici 2028. Ce sont donc des milliers de logements supplémentaires qui pourraient être construits, croit Mme Viannay. « Au Québec, il y a des ensembles immobiliers qui sont sur des sites magnifiques. Il y a beaucoup d’espace où on pourrait rajouter des immeubles sans nuire du tout à la qualité de vie des locataires. »

Toutefois, souligne Robert Pilon, coordonnateur de la FLHLMQ, les programmes de construction et de rénovation sont distincts. « Les deux ne fonctionnent pas ensemble. C’est ça qu’on trouve scandaleux. » Les 8000 ensembles de HLM au Québec pourraient faire l’objet d’ajouts de logements, comme ce fut le cas à Rosemère, à Vaudreuil-Dorion et à Granby, ajoute M. Pilon.

Un programme pour les offices

Les deux organismes estiment que le temps presse. Dans la province, près de 40 000 ménages sont en attente d’un logement auprès des 149 offices municipaux d’habitation du Québec. Ils demandent par la même occasion que Québec crée un programme spécifique pour les offices d’habitation afin de financer au moins 20 000 nouveaux HLM d’ici cinq ans. « Les offices sont pris dans un carcan qui les empêche de facilement développer. Dans la Loi sur la Société d’habitation du Québec [SHQ], par exemple, il n’est pas prévu qu’ils puissent utiliser leurs actifs pour aller chercher des prêts à taux réduit. Ils n’ont pas le droit de le faire actuellement, car la loi de la SHQ le leur interdit », explique Patricia Viannay.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, souligne que, des onze projets déposés par les offices municipaux d’habitation dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) l’an dernier, un seul a été retenu. « Ce n’est pas un programme fait pour les logements publics. Une raison supplémentaire d’avoir un programme particulier, c’est de s’assurer que les offices ne vont pas travailler pour rien. On leur lancerait comme message qu’on financera leurs projets. »

À voir en vidéo

You May Also Like

More From Author