Des plaintes auraient influencé la Saskatchewan dans sa loi sur l’éducation à la sexualité

Le gouvernement de la Saskatchewan avait reçu 18 plaintes officielles au cours de l’été avant de mettre en oeuvre un règlement interdisant à la plupart des enfants de changer de nom ou de pronom à l’école sans le consentement de leurs parents.

Les courriels, récemment obtenus par La Presse canadienne grâce à une demande d’accès à l’information, ont été reçus en juin et juillet et offrent un premier aperçu de ce qui a pu influencer le gouvernement lorsqu’il a modifié les règlements sur les pronoms et l’éducation sexuelle en août.

Les règlements exigent que les étudiants de moins de 16 ans qui souhaitent changer de nom ou de pronom aient l’autorisation de leurs parents. Il est également interdit aux organisations tierces de présenter une éducation à la sexualité, et les parents peuvent retirer leurs enfants de ces cours.

Dans les lettres adressées au gouvernement, les plaignants demandent à la Saskatchewan de faire quelque chose concernant les pronoms, l’éducation à la sexualité et les activités de la Fierté dans les écoles.

La plupart exhortent la province à suivre le gouvernement du Nouveau-Brunswick, qui exigeait le consentement parental pour les changements de pronoms ou de noms avant la Saskatchewan.

On ne sait pas si les auteurs de la lettre sont des résidants de la Saskatchewan. Les noms et adresses ont été caviardés.

 

« Si le Nouveau-Brunswick peut prendre position contre cette détérioration de notre société soutenue par l’ONU, la Saskatchewan peut sûrement aussi prendre position », peut-on lire dans une de ces lettres.

Une autre personne, qui s’est identifiée comme un grand-parent, écrit : « C’est correct d’être fier d’être LGBT+, mais pas d’être hétérosexuel […], nous sommes passés cd la persécution des non-hétérosexuels à céder à tous leurs caprices. »

Un plaignant, qui s’est identifié comme parent, affirme que les enfants peuvent être facilement manipulés.

« Je veux que Dieu soit enseigné à l’école si la fierté [gaie] est enseignée », est-il indiqué dans la lettre.

Un parent dit avoir retiré son enfant des activités de la Fierté et aurait souhaité que l’école informe les autres parents de la possibilité de le faire.

« Il y a eu beaucoup de réticences à l’égard de la Fierté cette année, et je pense à 100 % que c’est parce que l’idéologie du genre n’est pas seulement célébrée, elle nous est imposée dans la gorge. »

Contestation en cour

 

Après que la Saskatchewan eut annoncé le règlement des pronoms en août, les avocats de UR Pride, un groupe LGBTQ+ de Regina, l’ont contesté, arguant qu’il était discriminatoire parce qu’il pouvait amener les enseignants à révéler l’identité de genre aux parents contre le gré de l’enfant ou mégenrer un élève

Lors d’une audience devant le tribunal, les avocats de la province ont déclaré que la Saskatchewan avait reçu 18 lettres entre juin et août, puis avait élaboré une ébauche de règle en neuf jours.

Des personnes auraient également dit aux membres de la législature qu’elles étaient préoccupées par les pronoms. Le ministère de l’Éducation a déclaré que toutes les divisions scolaires n’avaient pas de politique en la matière et qu’il fallait en appliquer une de manière cohérente.

Un juge a accordé une injonction pour suspendre temporairement le règlement des pronoms. Mais le premier ministre Scott Moe a rappelé rapidement l’Assemblée législative pour l’inscrire dans la loi et a invoqué la clause dérogatoire.

La contestation judiciaire devrait être de nouveau entendue en janvier. La province prévoit faire valoir que l’affaire est devenue sans objet.

Seulement un « aperçu »

La province a déclaré dans un courriel cette semaine que les 18 lettres « ne sont qu’un aperçu » et qu’elle a entendu des « milliers » de parents.

« En tant que gouvernement, nous réfléchissions à cette politique depuis plusieurs mois, notamment à la suite de la décision d’une division scolaire d’empêcher les parents d’obtenir des informations cruciales sur leurs enfants », a soutenu le gouvernement.

« De nombreuses divisions scolaires de la Saskatchewan avaient mis en place des pratiques similaires avant la mise en oeuvre de la politique. »

M. Moe affirme avoir entendu des gens dans des épiceries lui dire qu’ils soutenaient la règle et que les parents devraient être impliqués dans la vie de leurs enfants à l’école.

L’ancien ministre de l’Éducation Dustin Duncan a fait valoir que les parents doivent donner leur consentement lorsque leurs enfants partent en excursion, donc les changements de pronom ou de nom ne devraient pas être différents. Certaines des 18 lettres abordent ce même argument.

Action4Canada, une organisation chrétienne nationale, a affirmé en septembre avoir influencé le gouvernement pour cette règle après avoir envoyé 10 000 courriels aux membres de l’Assemblée législative. La province a nié l’influence du groupe.

Dans le cadre de l’élaboration de la politique, la Saskatchewan dit avoir examiné si d’autres provinces avaient des règles sur les pronoms. Le gouvernement a identifié le Nouveau-Brunswick comme la seule autre province à exiger le consentement parental.

En septembre, l’Association canadienne des libertés civiles a déposé une plainte contre le Nouveau-Brunswick à propos de cette politique.

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