Dortmund : Manu Ugarte, le chien de garde (mais pas que) qui manquait tant au PSG

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Au Parc des Princes,

Après la belle et probante entrée en matière du PSG en Ligue des champions, mardi, contre le Borussia Dortmund, il serait presque blasphématoire de ne pas mettre à l’honneur les matchs d’Achraf Hakimi et de Vitinha, tous deux individuellement largement au-dessus de la mêlée face aux Allemands. Et pourtant, c’est ce que nous nous apprêtons goulûment à faire. Par goût du pas de côté ? Sans le moindre doute. Parce que vous lirez suffisamment d’éloges à leurs sujets chez un peu partout chez nos confrères ? Aussi. Mais surtout parce que notre coup de cœur à nous est Uruguayen, qu’il a 22 ans, est doté de cuissots de taureau et d’un visage juvénile avec la vilaine peau balafrée qui va avec. Lui, c’est Manuel Ugarte. Manu, pour les intimes.

Le genre de petit gars laborieux comme on les aime chez les bouchers du service des sports de 20 Minutes. Son absence contre Nice, vendredi dernier, s’était vue comme le nez au milieu de la figure, et le pauvre Warren Zaïre-Emery avait eu beau se démener à un poste de sentinelle qui n’est pas le sien, rien n’y faisait. Un être vous manque et tout est dépeuplé. Car oui, aussi fou que cela puisse paraître, du haut de ses 22 ans et de ses cinq petits matchs avec le PSG, celui qu’on était prêt à mettre dès le mois de juillet dans la charrette des fameux milieu-censé-remplacer-Thiago-Motta-mais-bon-la-médiocrité-tu-connais est en passe de devenir le rouage essentiel de l’équipe de Luis Enrique au milieu du terrain.

Un croqueur de ballon ? Oui, mais pas que

Celui qui prend plaisir à faire le sale boulot, qui court partout comme un dératé pour, ici, gagner un duel à l’épaule, là, gratter un ballon chaud dans les pieds adverses. Bref, pour faire ce que les joueurs du PSG n’ont jamais fait les saisons passés, à savoir donner sa vie pour la famille. Et s’il a été un peu moins en réussite mardi soir d’un point de vue de la récupération du ballon (8 tout de même), ses stats depuis son arrivée à Paris ont de quoi donner des gui lis aux supporters parisiens en manque de leur tour de contrôle italienne.

Croisé en zone mixte après le match, le garçon en convenait lui-même quand on lui a demandé de juger sa prestation. « Bien mais ce n’était pas mon meilleur match, défensivement il m’a manqué un peu de grinta, a-t-il avoué. Mais avec le ballon je crois que je m’en suis plutôt bien sorti. » Oui, on peut dire ça. Et c’est peut-être surtout pour ça qu’on a voulu le mettre à l’honneur aujourd’hui. Si ses premiers matchs nous avaient donnés à voir ses capacités quasi canines à se jeter sur tous les ballons, mardi, c’est dans la manière de les utiliser une fois récupérés que l’Uruguayen a épaté le public du Parc.

« Attention, chérie, ça va couper ! »
« Attention, chérie, ça va couper ! » – FRANCK FIFE

Luis Enrique : « Il a fait un match très complet ce soir. C’est nécessaire pour nous que Manu apporte cette énergie à l’équipe, cette capacité à presser haut, vite et fort et à casser les lignes dès qu’il récupère le ballon. Il n’est pas que bon dans la récupération. C’est un joueur très complet d’un point de vue technique, avec une superbe lecture du jeu offensif. Un joueur qui, combiné avec Vitinha et Warren, apporte l’équilibre dont l’équipe a besoin. » On a beau chercher, à aucun moment le garçon ne s’est débarrassé du moindre ballon, et ce quand bien même il était pressé par plusieurs joueurs adverses.

A l’image notamment de cet enchaînement contrôle poitrine-passe de l’extérieur du pied alors qu’il était mis sous pression dans ses six mètres. Si on s’enflammait – et on va le faire – il nous rappellerait presque, dans cet insolent culot et ses prises de risque maximales, un petit Italien parti au Qatar et dont le nom nous échappe. Tout au long de la rencontre, Ugarte s’est attaché à jouer simple, souvent à une ou deux touches de balle, la plupart du temps vers l’avant (ce qui en dit beaucoup sur l’intelligence de jeu du bonhomme).

Paris a trouvé son ticket d’or

En conférence de presse d’avant-match, Luis Enrique avait dit que son joueur pouvait encore s’améliorer dans tous les domaines. Son match de mardi est venu confirmer que les consignes du coach sont en passe d’être assimilées. Quelles sont-elles, justement ? On lui a posé la question après le match. « Il faut que je sache tout de suite quels sont les joueurs libres autour de moi pour vite leur donner le ballon quand je le récupère, afin de donner de la supériorité numérique à nos attaquants et nos milieux, a-t-il détaillé. Aujourd’hui, je pense que j’ai bien réussi à le faire. Pour sortir du pressing, le coach me demande aussi d’écarter le jeu sur les ailes, de donner de l’air. Mais je peux faire mieux et je dois encore m’améliorer. »

Si l’on ne doutait pas de ces qualités de récupérateur, au point de lui donner le surnom (glissé par notre confrère de France Bleu Paris et animateur de l’émission 100 % PSG La tribune) de « Cimarron », comme ce chien sauvage uruguayen, on ne savait encore sur quel pied danser avec lui dans l’utilisation du ballon. Mercredi matin, les supporters parisiens devraient avoir un peu plus de certitudes de ce point de vue. Seule ombre au tableau (et encore, elle n’est pas de son fait), il semble tellement y avoir un PSG avec et un PSG sans lui qu’on se demande bien comment « Lucho » bricolera quand il faudra se passer de lui. « Il est dur au mal, il est très fort physiquement et il a toujours envie de jouer », a tenté de rassurer le coach espagnol en conf après le match. Et puis, se poser cette question, c’est déjà admettre que Paris a possiblement trouvé LE milieu déf qu’il cherchait depuis tant d’années, ce qui n’est pas une mince victoire, vous en conviendrez.

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