Israël approuve, l’engrenage des violences enclenché

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Nouvelle colonie en Cisjordanie : Israël approuve, l'engrenage des violences enclenché

La politique d’expansion d’Israël est-elle à nouveau en marche ? Les violences des colons israéliens sur la population palestinienne et l’annonce d’une nouvelle colonie dans la moitié occupée de Jérusalem alimentent les conflits entre Israéliens et Palestiniens.

Deuxième front de la guerre entre Israël et le Hamas, la Cisjordanie subit l’expansion, souvent violente, des colons israéliens sur les territoires palestiniens. L’ONG israélienne La Paix maintenant – militant pour une solution à deux Etats – indique d’ailleurs le 7 décembre 2023, après deux mois de guerre, que la municipalité de Jérusalem a donné son accord pour la construction d’une nouvelle colonie dont la moitié doit se trouver à Jérusalem-Est.

Mais cette colonie de plus de 1 700 logements en partie installée sur la moitié annexée et occupée de la ville sainte est “un projet très problématique pour la continuité d’un Etat palestinien entre le sud de la Cisjordanie et Jérusalem-Est”, signale Hagit Ofran, une responsable de l’ONG auprès de l’AFP.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères estime qu’Israël profite que l’attention soit retenue par la guerre contre le Hamas pour poursuivre son projet consistant à “submerger Jérusalem de colonies et de colons”. Mais cette nouvelle colonie, comme toutes celles déjà installées en Cisjordanie, sont considérées comme “une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux Etats ainsi qu’à l’instauration d’une paix globale, juste et durable” par le Conseil de sécurité de l’ONU, selon la résolution 2334 adoptée en 2016.

Déjà plus de 800 Palestiniens expropriés en Cisjordanie

L’accord donné à la création d’une nouvelle colonie est une étape supplémentaire de l’expansion israélienne en territoire palestinien. Une expansion qui s’opère, avec plus de forces et de violences, dans les colonies de Cisjordanie depuis l’attaque du 7 octobre. Plus de 820 Palestiniens ont été déplacés de force dans les territoires occupés de Cisjordanie selon le chiffre donné par l’ONU au 1er novembre.

Presque la moitié des 2 000 expulsions recensées depuis 2022 ont eu lieu en moins de deux mois. Quant aux violences, elles se multiplient aussi avec plus de 200 Palestiniens de Cisjordanie tués depuis l’attaque du Hamas selon le ministère de la Santé palestinien. Et chaque jour au moins sept incidents entre colons et Palestiniens ont lieu selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, soit un doublement des accrochages, parfois violents, entre les deux populations.

“Pendant que le monde regarde ailleurs, les colons les plus violents en profitent pour étendre leur mainmise sur le territoire” dénonce Guy Hirschfeld, un activiste israélien anticolonisation, auprès du Figaro. Certaines opérations menées par des colons à l’encontre de Palestiniens ont conduit aux départs forcés de plusieurs centaines de personnes, comme celles conduites dans le village Wida al-Sikh, dans la vallée du Jourdain, où plus de 200 Bédouins sont partis le 12 octobre, après des jours de descentes et de menaces. “L’armée et la police étaient [là]” a confié un nomade à Arte quand un autre a estimé que “ce ne sont pas seulement les colons, c’est le gouvernement [israélien] qui nous a dégagés”.

Une nouvelle intifada ?

Les évictions des Palestiniens de certaines parties des territoires occupés ne sont pas sans rappeler la “Nakba” – la “catastrophe” en arabe – de 1948 et le départ forcé de 750 000 Palestiniens chassés de leurs terres par l’armée israélienne. A l’époque, Israël s’est accaparé 78% de la Palestine contre les 53% que prévoyait le premier découpage de l’ONU. Un territoire auquel il faut ajouter les terres colonisées dès 1967. Depuis les accords d’Oslo signés en 1993, qui devaient entamer un processus de paix avec la solution à deux Etats mais qui ont finalement échoué, Israël contrôle entièrement 61% de la Cisjordanie. C’est sur ces terres que 490 000 colons se sont installés et font désormais reculer les populations arabes.

Mais l’histoire du conflit israélo-palestinien montre qu’à chaque tentative de colonisation d’Israël, l’opposition palestinienne s’est mobilisée lors de soulèvements populaires, les “intifada”. La première intifada a duré six ans entre 1987 et 1993 et s’opposait à l’occupation et au contrôle militaire d’Israël ainsi qu’aux expulsions et aux humiliations des Palestiniens. La deuxième a éclaté en 2000 et s’est étendue jusqu’en 2005 pour lutter contre l’installation et le pouvoir accordé à Israël dans plus de la moitié de la Cisjordanie.

Cette nouvelle avancée des colons israéliens, couplée à la guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas, peut-elle donner naissance à une troisième intifada ? La colère des Palestiniens et des ONG israéliennes opposées au gouvernement d’extrême droite de Benyamin Nétanyahou se fait entendre. “On assiste tout simplement à une opération de nettoyage ethnique” dans la moitié de la Cisjordanie sous contrôle israélien dénonce l’activiste anticolonisation Guy Hirschfeld. Lequel affirme que “l’annexion de ce territoire” est un “objectif avoué” que “le gouvernement supporte massivement”.

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