L’argent promis par les Libéraux pour les repas dans les écoles manque à l’appel

Plus de deux ans après l’engagement du Parti libéral du Canada (PLC) à mettre sur pied un programme national de repas dans les écoles, les élèves restent sur leur faim. Malgré la promesse électorale d’investir un milliard de dollars sur cinq ans, le gouvernement libéral n’a toujours pas budgété cette enveloppe depuis sa réélection en 2021.

Le Club des petits déjeuners, le seul organisme national en alimentation scolaire, s’impatiente. Au point que des dirigeants sont venus sur la colline du Parlement d’Ottawa lundi matin pour rencontrer des députés et des sénateurs. À la veille de la mise à jour économique fédérale, ils espèrent finalement obtenir les engagements financiers tant attendus.

« La mise à jour économique d’automne serait une bonne occasion pour le gouvernement d’intervenir. Il a utilisé cette plateforme à plusieurs occasions dans les dernières années pour des annonces budgétaires lors de situations exceptionnelles. On est rendus à une situation exceptionnelle », témoigne Judith Barry, cofondatrice et directrice des relations gouvernementales au Club des petits déjeuners du Canada, en entrevue au Devoir.

Un enfant canadien sur quatre est en situation d’insécurité alimentaire. Malgré les nombreuses campagnes de dons et les contributions du privé, le Club des petits déjeuners n’atteint que 20 % des besoins au pays, fait valoir la directrice.

Après avoir demandé au gouvernement du Québec de prévoir des sommes dans son prochain budget, le Club a salué l’investissement de 5 millions de dollars annoncé dans la mise à jour économique du ministre Eric Girard, début novembre.

En rencontrant les dirigeants politiques à Ottawa, Mme Barry espère maintenant « exercer une pression supplémentaire » pour que la promesse électorale devienne réalité dans les plus brefs délais. « Pour nous, le budget 2023 était une grande déception parce qu’on s’attendait à un premier investissement. Les enfants n’ont plus le luxe d’attendre », confie-t-elle.

Des élus de chaque parti participent à la rencontre avec l’organisation lundi matin. Plusieurs députés devraient aussi prendre la parole lors de la période de questions en Chambre en après-midi à ce sujet.

Pour nous, le budget 2023 était une grande déception parce qu’on s’attendait à un premier investis-sement. Les enfants n’ont plus le luxe d’attendre.

 

Aucun échéancier

La mise sur pied du programme national n’a que peu progressé depuis la campagne de 2021. Il aura fallu attendre un an avant la tenue de consultations publiques, en novembre et décembre 2022. En octobre cette année, le gouvernement du Canada a finalement publié son rapport à la suite de ces consultations. Le problème : il ne comporte aucun échéancier.

La section du récent rapport sur les « prochaines étapes » ne contient que deux courts paragraphes. « Les propos et témoignages que nous avons entendus contribueront à l’élaboration d’une politique nationale en matière d’alimentation dans les écoles, qui demeure un engagement important pour le gouvernement du Canada », peut-on y lire, sans toutefois y trouver de date.

Questionné sur la date à laquelle le programme pourrait voir le jour, le ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social n’a pas offert de réponse claire au Devoir. « Nous continuons à travailler à l’élaboration d’une telle politique, mais nous reconnaissons qu’il s’agit d’une période éprouvante pour de nombreux Canadiens et qu’il est encore plus difficile de joindre les deux bouts en raison de l’inflation mondiale », a-t-il écrit par courriel.

Le ministère ajoute que son engagement demeure « une grande priorité ».

Pourquoi tous ces délais ? Judith Barry convient que le gouvernement fédéral se doit de respecter la compétence des provinces en éducation. « Mais il a une responsabilité au niveau de sa politique de santé, pour développer de saines habitudes alimentaires, et ce programme est une bonne occasion de le faire. […] On ne sait pas pourquoi il est en attente. On dirait que, parfois, c’est plus simple de faire compliqué », laisse tomber la directrice.

Un sondage réalisé pour le compte du Club des petits déjeuners a montré que 88 % des Canadiens croient fermement que les gouvernements fédéraux, provinciaux et municipaux devraient faire de la faim et de la malnutrition des enfants et des adolescents une priorité.

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