Le Front commun sent un «momentum» dans les négociations

Alors qu’un « momentum s’installe », les syndicats du Front commun, qui entamaient mercredi leur deuxième de trois jours de grève, veulent laisser une chance à la négociation avant d’annoncer de nouvelles dates de grève. En point de presse, les dirigeants des quatre centrales du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) ont affirmé mercredi qu’ils allaient se réunir en fin de semaine pour élaborer la stratégie à adopter en fonction de l’avancement des négociations.

« Aujourd’hui, est-ce qu’on annonce de nouvelles dates de grève ? La réponse, c’est non », a martelé Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), devant le collège Ahuntsic sous la pluie froide de novembre.

« On veut donner une place à la négociation, une place pour permettre d’arriver à un règlement, a-t-il déclaré. Les prochains jours sont importants. Et de notre côté, on va faire le bilan de tout ça ce week-end, en début de semaine, pour voir quelle est la suite des choses. »

Le dialogue est ouvert

 

Les syndiqués disent faire confiance au conciliateur qui a été nommé à leur demande dans le dossier. Des rencontres ont déjà eu lieu en début de semaine et d’autres sont à prévoir mercredi après-midi et jeudi à Québec, a précisé le premier vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), François Enault. « Ce qu’on voulait, c’est qu’on ait une rigueur, qu’on ait du mouvement à la table de négociation, a-t-il expliqué. Il n’y a rien de réglé, mais minimalement, il y a un momentum qui s’installe et les conciliateurs font la job qu’on voulait, à savoir que le gouvernement puisse s’asseoir, puis nous donner des réponses qu’on attend depuis des mois. »

Selon M. Enault, le dialogue est ouvert, même si on ne parle pas encore des enjeux principaux. « On le dit depuis le début : dans une négociation, il faut commencer par les petites choses, puis on monte. Hier, minimalement, il y a eu des discussions sur les petites choses, puis on s’est répondu, ce qui ne se faisait pas depuis des mois. Donc le conciliateur sert à ça, à structurer la négociation et à rendre des livrables aux deux comités de négociation. »

Il précise toutefois que rien n’est encore réglé. « On ne signera pas aujourd’hui, mais minimalement, ce qu’on voulait comme objectif [c’est que] les gens puissent se parler. »

S’ils veulent laisser une chance à la négociation, ils préviennent qu’ils ne feront « pas ça pendant des semaines ». Ils vont donc rencontrer leurs experts aux tables de négociation pendant le week-end pour faire le point sur l’avancement des pourparlers et décider ensuite de la stratégie à adopter. « On va faire nos devoirs rendus là, mais pour l’instant, il n’y a pas de scénario, assure la présidente de la FTQ, Magali Picard. On attend de voir ce qui se passe à la table de négociations. »

Son collègue François Enault, de la CSN, rappelle toutefois qu’il a un mandat de grève illimitée en poche. Les syndicats pourraient également décider de déclencher une nouvelle séquence de grève un peu plus longue. Mais rien n’est envisageable pour les prochains jours, alors que la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), elle, commence jeudi une grève générale illimitée.

« Vous savez, dans le secteur public, il faut donner des avis [avant de déclencher une grève], explique M. Enault. Nous, notre avis était pour mardi, mercredi et jeudi. Donc vendredi, c’était clair que les gens retournent au travail et par la suite, on doit évaluer pour la prochaine séquence et envoyer nos avis [une dizaine de jours à l’avance] dans les établissements. »

Mais les syndiqués espèrent que ça se règle rapidement, rappelle Éric Gingras. « L’enjeu, ce n’est pas de faire la grève. L’enjeu, c’est de régler. C’est ça que les membres veulent. »

Le métier qu’ils aiment

Devant le cégep Ahuntsic, les klaxons répondaient aux crécelles des syndiqués, qui avaient bon espoir que les trois jours de grève permettent de faire avancer les choses du côté de Québec. « C’est important d’être là, mais on aimerait mieux être en classe, à travailler, à donner nos cours », affirme Mathieu Poulin, professeur de français au cégep. Il se disait prêt à aller jusqu’à la grève illimitée s’il le faut, mais affirme que s’ils se rendent là, ce ne sera pas de gaieté de coeur. « Personne n’en a envie, mais s’il le faut, on va le faire. »

Sa collègue Sophie Labrecque abondait en ce sens. « Je me sens prête, on va l’affronter si ça doit avoir lieu. Je me sens même un peu coupable par rapport aux gens qui sont déjà en grève générale illimitée. J’ai l’impression qu’on surfe un peu sur leur courage. »

Mais pour l’instant, ils se préparent à retourner en classe vendredi. « Si ces trois jours peuvent donner un élan aux négociations, si ça peut montrer la mobilisation actuelle et que ça donne un coup du côté du gouvernement pour que ça se mette à bouger, on va retourner au travail, explique de son côté Bernard St-Louis, professeur de psychologie au cégep Ahuntsic. Et je pense que les gens vont rentrer avec le sentiment qu’on aura fait ce qu’il fallait pour faire bouger les choses. Et on va retourner avec joie faire le métier qu’on aime. »

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