Les garderies ontariennes menacent de fermer si leur financement n’est pas revu

Des garderies risquent de fermer partout en Ontario si la province ne met pas bientôt à jour la manière dont elle les rémunère dans le cadre du programme national à 10 $ par jour, prévient le plus grand exploitant.

L’appel du YMCA et d’autres prestataires survient alors que la province cherche à augmenter considérablement le nombre de places en garderie. Lorsque le gouvernement ontarien a adhéré au programme en 2022, il s’est engagé à créer 86 000 places, bien que l’organisme de surveillance budgétaire de la province estime que la demande dépassera l’offre de plus de 220 000 places.

Les services de garde d’enfants du YMCA représentent un cinquième de toutes les places agréées dans la province, et bien que l’organisme à but non lucratif soit un grand partisan du programme à 10 $ par jour, il affirme que la façon dont il est actuellement financé n’est pas durable.

« Malheureusement, alors que des économies sont offertes aux familles, le fardeau financier des exploitants comme le YMCA s’est accru », déclare l’organisme de bienfaisance au gouvernement dans un mémoire prébudgétaire.

« Cela s’explique par le fait que l’approche actuelle en matière de financement du remplacement des revenus est insuffisante, laissant de nombreux exploitants à but non lucratif avec des déficits et des perspectives incertaines alors que nous négocions avec chaque municipalité un financement sous pression. »

Un financement sur des tarifs gelés

Les frais que les parents paient pour la garde d’enfants ont été réduits de moitié, le gouvernement provincial remplaçant ces revenus auprès des centres de garde en utilisant sa part du financement fédéral qu’Ottawa a distribué aux provinces et aux territoires lorsqu’ils ont adhéré au programme.

Mais ce calcul ne suffit pas, affirment certains exploitants.

 

Traditionnellement, les garderies augmentaient les frais des parents lorsqu’elles étaient confrontées à des dépenses croissantes telles que les frais de personnel, de restauration, de loyer, de chauffage et de fournitures. Cependant, tous les exploitants souhaitant adhérer au plan ont dû geler leurs tarifs en mars 2022, et beaucoup les ont volontairement gelés en 2020, ne voulant pas augmenter les tarifs pendant la pandémie de COVID-19.

Cela signifie que le modèle de remplacement des revenus du gouvernement est basé sur des tarifs qui ne reflètent pas le véritable coût actuel des services de garde, affirment les exploitants, et que l’augmentation de 2,1 % que l’Ontario a retenue pour 2024 pour tenir compte de l’inflation n’est pas suffisante. Ce chiffre pour 2023 était de 2,75 %.

« Nous entendons de plus en plus d’exploitants prêts à fermer leurs garderies et à abandonner cette profession », affirme Sharon Siriboe, directrice de l’Association ontarienne des garderies indépendantes, qui dirige également une garderie dans la région de Peel, dans l’Ouest torontois.

« Même si nous avons réussi à remplacer les revenus, cela n’a pas été suffisant pour de nombreux exploitants, car ils continuent de lutter pour rester à flot dans une période économique très difficile. »

Ce que le YMCA et d’autres souhaitent voir, c’est ce qu’ils appellent un modèle de « recouvrement total des coûts ».

Carolyn Ferns, coordonnatrice des politiques de la Coalition ontarienne pour de meilleurs services de garde d’enfants, a déclaré que les exploitants devraient être en mesure de soumettre des budgets et que si les coûts sont raisonnables, ils devraient être couverts. « [Le remplacement des revenus] était la seule façon dont ils auraient pu y parvenir au départ, déclare-t-elle. C’était en 2022. Nous sommes en 2024 maintenant et ils n’ont pas changé le modèle. Ils n’ont pas compris. »

Jamison Steeve, directeur de la stratégie du YMCA du Grand Toronto, a déclaré que le YMCA avait espéré voir une nouvelle formule de financement à l’automne 2023, mais que cela ne s’est pas concrétisé. Cela doit arriver le plus tôt possible, a déclaré M. Steeve, car à l’heure actuelle, l’organisme de bienfaisance subventionne essentiellement le coût des soins.

« [Pour] un nourrisson dont nous nous occupons, s’il est soumis au modèle de financement actuel, nous subirions une perte comprise entre 10 000 et 13 000 dollars par an […] si la formule de financement n’est pas corrigée à l’avenir, explique-t-il. Il est difficile pour tout fournisseur du secteur à but non lucratif ou à but lucratif d’avoir ce niveau d’incertitude d’une année sur l’autre quant à ce à quoi ressemblera le modèle de financement. »

Plus d’argent du fédéral ?

Un porte-parole du ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, a annoncé que la province faisait pression pour obtenir davantage d’argent fédéral.

« Alors que l’Ontario continuera d’augmenter chaque année le financement des exploitants, à partir de ce mois-ci, nous entamerons un examen de l’accord fédéral et plaiderons vigoureusement en faveur d’une augmentation à long terme du financement afin de mieux soutenir les exploitants et les familles », a écrit Isha Chaudhuri dans un communiqué.

Un porte-parole de Jenna Sudds, ministre fédérale de la Famille, de l’Enfance et du Développement social, a déclaré que les accords conclus lorsque les provinces et les territoires ont adhéré au programme étaient conçus pour leur offrir la flexibilité nécessaire pour répondre à l’inflation, et que le financement augmente chaque année.

« Le gouvernement du Canada continue de collaborer avec les gouvernements [provinciaux et territoriaux] pour mieux comprendre leurs besoins et leurs défis et soutenir la mise en oeuvre réussie d’un système pancanadien [d’apprentissage et de garde des jeunes enfants] », explique le communiqué de Soraya Lemur.

Les exploitants attendent également un financement de la province pour augmenter les salaires des éducateurs de la petite enfance, comme M. Lecce l’a annoncé à la fin de l’année dernière. Entre-temps, une crise de la main-d’oeuvre persiste, de nombreux centres – dont le YMCA – étant incapables de recruter et de retenir suffisamment de personnel pour fonctionner au maximum de leur capacité.

« Vous aviez du personnel qui travaillait en première ligne pendant la COVID-19 et beaucoup d’entre eux se sentent sous-estimés dans cette profession, raconte Sharon Siriboe, de l’Association ontarienne des garderies indépendantes. La façon dont les exploitants peuvent au minimum inciter le personnel à rester est de créer une culture de valorisation et des salaires plus élevés. »

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