Les Innus d’Essipit veulent protéger 30% de leur territoire ancestral

Les Innus d’Essipit, une communauté située à proximité des Escoumins sur la Côte-Nord, veulent protéger 30 % de leur Nitassinan, leur territoire ancestral lentement grugé par l’industrie forestière et le développement récréatif.

Ce dernier s’étend de la rivière Saguenay, à l’ouest, jusqu’à la rivière Portneuf, à l’est. Le Saint-Laurent délimite la frontière sud de ce territoire. Au nord, le Nitassinan de la Première Nation d’Essipit commence à partir de Saint-Fulgence jusqu’à contourner les lacs Moncouche et Laflamme, tous deux situés dans le territoire forestier non organisé du Mont-Valin.

Un an après avoir participé à la COP15 de Montréal sur la biodiversité, le Conseil de la Première Nation affiche son ambition de créer un réseau d’habitats connectés et protégés à l’intérieur de 30 % son territoire.

« Nous voulons protéger et relier les secteurs d’importance pour notre communauté, pour les espèces comme le caribou et pour la biodiversité en général, explique Michael Rpss, le directeur Développement et Territoire de la Première Nation des Innus d’Essipit. Nous visons la mise en place d’un véritable réseau de conservation sur notre Nitassinan. »

Le territoire ancestral sert d’école et de refuge à la culture innue. « C’est là que nous pratiquons la chasse, la pêche, le piégeage, la cueillette, etc., énumère Michael Ross. Nos aînés et des gens qui respectent nos traditions sortent annuellement, à quelques reprises, avec les jeunes du primaire et du secondaire pour partager cette culture-là, nos manières de faire et le respect que nous devons à la nature. Pour nous, pour être capable de pratiquer notre culture, il faut un territoire qui est en santé. »

La communauté constate pourtant le dépérissement graduel et continuel de son Nitassinan au fil des années. « Il y a une dégradation constante de ce territoire-là, c’est pour ça que nous cherchons à le préserver. Nous ne voulons pas le mettre sous une cloche de verre : nous voulons simplement le protéger d’une exploitation forestière intensive. »

La proposition soumise mercredi prévoit un corridor de plus de 1200 km2 autour de l’Akumunan, le « havre » en innu, une réserve de biodiversité de 285 km2 créée en 2020 et située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tadoussac. 

Ce « havre » constitue un habitat essentiel à la prospérité des caribous forestiers aujourd’hui en péril et renferme parmi les plus vieilles forêts encore épargnées par l’exploitation forestière au Québec. Les Innus d’Essipit ont contribué, au cours des dernières décennies à défendre ce territoire peuplé aussi par les grives de Bicknell et les garrots d’Islande, tous deux considérés vulnérables. 

« La protection de l’Akumunan préserve les bassins-versants et l’habitat du caribou, explique Michael Ross. Depuis quelques années, nous avons fermé une quarantaine de kilomètres de chemins forestiers, en plus d’avoir construit environ 80 cabanes à proximité de différents lacs pour aider le garrot d’Islande à nicher. L’espèce a besoin de cavités normales : normalement, elle profite de grands arbres en décomposition pour faire leur nid, mais avec l’exploitation forestière, il y en a moins. »

Le corridor prévu viendrait relier l’Akumunan à la réserve de biodiversité de la Vallée-de-la-Rivière-Sainte-Marguerite, consacrée en 2022 et grande de 320 km2.

La Première nation innue d’Essipit entend soumettre sa proposition au ministère de l’Environnement du Québec dès cet hiver pour mettre en réserve les territoires à protéger d’ici 2025. 

Je regarde nos voisins de Pessamit qui ont déposé un super beau projet, un projet concret, un projet porteur pour la même harde de caribou que nous essayons de protéger nous aussi, déplore Michael Ross. Tout ce que nous entendons, c’est que c’est un silence radio depuis quelques années. Nous espérons que le message que nous lançons aujourd’hui va permettre un dialogue rapidement. »

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