Ottawa ignore si les pêches surexploitent les stocks de poissons

Le gouvernement fédéral ne détient pas les données « fiables » qui sont pourtant essentielles pour s’assurer de protéger les stocks de poissons du Canada contre la surexploitation, constate le commissaire à l’environnement et au développement durable.

« Sans données fiables et à jour sur les prises de poissons, Pêches et Océans Canada ne sait pas si les stocks de poissons commerciaux sont surexploités », résume le commissaire Jerry DeMarco dans un rapport publié mardi.

Il cite d’ailleurs en exemple le cas de la morue pour illustrer l’importance d’avoir des informations rigoureuses sur l’état des populations. « L’effondrement de la population de morue franche dans les années 1990, avec des conséquences économiques et sociales profondes, a démontré qu’il est beaucoup plus difficile et coûteux de rétablir des stocks épuisés que d’éviter le problème en veillant plutôt à maintenir des niveaux sains. »

Or, malgré les erreurs du passé qui se sont avérées désastreuses pour certaines communautés de pêcheurs, Pêches et Océans Canada n’a toujours pas réussi à recueillir des données fiables et ainsi « assurer la gestion durable » des pêches maritimes commerciales.

Le ministère n’a toujours pas « pris la plupart des mesures correctives qu’il s’était engagé à mettre en oeuvre il y a sept ans, à la suite du dernier audit de ce secteur réalisé par le Bureau du vérificateur général du Canada », souligne le commissaire.

Le gouvernement fédéral a certes créé en 2019 une Politique de surveillance des pêches, mais il ne l’a toujours pas mise en oeuvre. Concrètement, sur les 156 stocks dont il a la responsabilité, il a « priorisé » seulement 22 stocks de poissons commerciaux, mais il n’a pas complété l’évaluation des « exigences de surveillance » pour ces stocks. Résultat : les problèmes pourtant connus liés à la fiabilité et à la pertinence des données sur l’état des populations demeurent.

Pêches et Océans Canada n’a donc pas entièrement respecté son engagement, pris en 2016, de « moderniser ses systèmes de gestion de l’information sur les pêches d’ici à 2020 ».

Réagissant au rapport, la ministre Diane Lebouthillier s’est montrée optimiste. « Le ministère des Pêches et des Océans dispose d’un certain nombre de sources d’information qui lui permettent de surveiller efficacement les pêches et d’intégrer les données dans le processus de prise de décisions. Cependant, il est toujours possible de faire mieux, et c’est pourquoi nous continuons d’améliorer la gestion de nos pêches », a-t-elle fait valoir.

La pêche et les activités connexes représentent le gagne-pain de près de 72 000 Canadiens. En 2021, les pêches maritimes commerciales du pays ont été évaluées à 4,6 milliards de dollars.

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