San Remo 2024 : au bord de la rupture, Alaphilippe reçoit du soutien et peut y croire

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Milan - San Remo 2024 : au bord de la rupture, Alaphilippe reçoit du soutien et peut y croire

Le retour de Milan – San Remo en 2024, c’est aussi le retour des questions sur l’état de forme de Julian Alaphilippe. Peu épargné et en crise avec son manager, le Français doit prouver sur la Primavera qu’il pèse encore entre Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar.

Les rives de la Méditerranée sont souvent une invitation à la détente, un lieu où il fait bon vivre sous un soleil généreux. Elles sont aussi une promesse. Avec Milan – San Remo elles augurent d’une saison cycliste qui redémarre vraiment, prenant son virage le plus palpitant, annonçant le mois des Classiques où se conjuguent folies et morceaux de bravoure sur fond de légendes.

Située au croisement de l’hiver et du printemps, la Primavera Milan – San Remo tient lieu de lever de rideau, le premier acte d’une pièce en comptant cinq. Une course anachronique, ode à la langueur et à la patience de près de 300 km. Certes, les organisateurs lui ont raboté 6 kilomètres pour en faire l’édition la plus courte depuis 1981, mais dompter ses 288 km n’aura rien d’aisé. Car si elle la Classique la plus facile à gagner, Milan – San Remo est aussi la plus insaisissable, par l’acceptation de son caractère et de sa mélodie.

Alaphilippe “n’est pas fini”

Des nombreux prétendants de ce Milan – San Remo 2024, qui s’élanceront de Pavie ce samedi 16 mars, Julian Alaphilippe ne figure pas parmi les favoris et semble promis à assister à la bataille au rang de simple spectateur. Il faut dire que le double champion du monde a perdu de sa superbe. Autrefois chef de meute de la Soudal Quick-Step, il a abandonné ce rôle à Remco Evenepoel. Surtout, il a multiplié les contreperformances et enchaîné les chutes, comme encore récemment au Het Nieuwsblad, s’attirant les foudres de son manager Patrick Lefevere, particulièrement acerbe dans les médias à son encontre.

Pourtant en l’absence du Belge, concentré sur la préparation d’autres objectifs comme le Tour de France, Alaphilippe sera le leader des siens entre la Lombardie et la Ligurie. Milan – San Remo sera une nouvelle chance de montrer qu’il en a encore sous la pédale. Ce que croit l’ancien champion du monde belge Philippe Gilbert. “Il y a beaucoup de gens qui disent que Julian ne met plus un pied devant l’autre. Moi j’ai tendance à le défendre, il n’est pas fini”, assure celui qui a côtoyé le Français entre 2017 et 2019. Il y a cinq ans, Gilbert avait ainsi parfaitement travaillé pour préparer le terrain à Alaphilippe, qui avait ensuite levé les bras au bout de la via Roma, sa première Classique.

Vers un duel van der Poel-Pogacar ?

Si le puncheur tricolore a déjà apprivoisé la belle endormie à l’apogée de sa carrière et espère faire mentir les pronostics, il sait pertinemment qu’il devra profiter d’un petit coup de pouce pour s’imposer tant le rapport de force n’est plus en sa faveur. En effet, pour Milan – San Remo 2024, les regards sont tournés, une fois de plus, vers Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar. Les deux artificiers avaient été les grands animateurs de la course en 2023, le second dynamitant le final dans l’ascension du Poggio, avant de voir le premier lui fausser compagnie, à la faveur de la descente, et filer jusqu’à la victoire.

Peuvent-ils refaire le coup cette année ? Tout porte à croire qu’ils détiennent le sort de cette 115e édition de Milan – San Remo dans leurs roues. Le vainqueur sortant effectue sa rentrée sur la route et pourra ainsi étrenner son maillot de champion du monde pour la première fois en 2024. N’allez toutefois pas croire qu’il court après la forme. Son hiver a été pour le moins studieux puisqu’il a écrasé les courses de cyclo-cross et a raflé un nouveau titre mondial.

De son côté, le Slovène a bousculé ses habitudes et ne se présente à Milan – San Remo qu’avec un seul jour de course dans les jambes. Au Starde Bianche, il avait incendié les chemins de terre de la Toscane, s’offrant une échappée solitaire de 80 km, sans que personne ne puisse le contester. Une manière de marquer son territoire avant d’aborder une épreuve qui lui résiste encore. De quoi aiguiser encore un peu plus son appétit.

Milan – San Remo 2024 se jouera peut être ailleurs, qui sait. Derrière, les deux hommes, la concurrence interroge. Habitué aux places d’honneur, Wout van Aert a décliné sa participation, occupé à préparer le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Sans le Belge, les Jumbo-Lease a Bike miseront sur le Français Christophe Laporte. Il faudra aussi garder un œil sur le lauréat 2022 Matej Mohoric, mais aussi l’Italien Alberto Bettiol, auteur d’une démonstration lors du dernier Milan-Turin, le Danois Mads Pedersen ou les deux coureurs d’Ineos-Grenadiers Filippo Ganna, pas loin du compte en 2023, et Tom Piddcock. Les sprinteurs, eux, auront leur mot à dire s’ils parviennent à résister à la déflagration promise au milieu des serres qui ornent le Poggio, en surplomb de San Remo.

La 115ème édition de Milan-San Remo partira de Pavie, ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Milan à 10h15. L’arrivée à San Remo est, elle, prévue aux alentours de 16h47, selon les prédictions les plus optimistes des organisateurs.

La 115ème édition de la Primavera, premier des Monuments du calendrier cycliste, sera retransmise en intégralité sur Eurosport 2 avec une prise d’antenne prévue dès 9h50.

Le parcours de Milan – San Remo 2024 a été tracé entre Pavie, pour un départ inédit, et San Remo pour une distance de 288 km. Il s’agit de la plus courte édition depuis 43 ans et celle remportée par le Belge Fons De Wolf.

Le programme reste toutefois inchangé. De retour en 2023 après deux années sans être emprunté, le Passo del Turchino confirme son retour dans la course en tant que première difficulté à affronter pour les coureurs après 138,3 km. Derrière, il faudra en passer par l’enchaînement des Capi, le Capo Mele (km 236,4), le Capo Cervo (km 241,3), le Capo Berta (km 249,1) avant le diptyque Cipressa (km 266,3 – 5,6 km à 4,1 %)-Poggio di San Remo (km 282,4 – 3,7 km à 4 %, pente maximale à 8 %).

Vainqueur sortant, Mathieu van der Poel s’impose comme le favori à sa propre succession. Le Néerlandais aura pour principal rival le Slovène Tadej Pogacar, auteur d’une démonstration de force lors des Strade Bianche. Derrière eux, une foule d’outsiders est prête à profiter d’une défaillance. On pourra distinguer les Italiens Alberto Bettiol et Filippo Ganna, le Britannique Tom Pidcock, le Danois Mads Pedersen, les Français Julian Alaphilippe, Christophe Laporte, Arnaud Démare et Benoît Cosnefroy, le Polonais Michal Kwiatkowski ou encore le Slovène Matej Mohoric.

A noter l’absence de Wout van Aert. Lauréat en 2020, le Belge est en stage aux Îles Canaries où il prépare les Classiques flandriennes et notamment le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

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