Le projet a été décrit comme un futur « Brooklyn du Nord ». Une étape importante vient d’être franchie vers l’aménagement d’un nouveau quartier « modèle » en bordure du fleuve sur la Rive-Sud, près de la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke.
Selon ce que Le Devoir a appris, la Ville de Longueuil et la Société immobilière du Canada (SIC) ont signé une entente de cinq ans visant à préparer le terrain pour ériger entre 3500 et 4000 logements dans cette zone offrant un accès direct au Saint-Laurent — et une vue privilégiée sur Montréal.
L’accès aux berges restera public. Une promenade riveraine longera le fleuve, selon la lettre d’intention qui devait être entérinée mardi soir par le conseil municipal de Longueuil. Le concept soumis par la SIC prévoit aussi la construction d’immeubles résidentiels et commerciaux, des parcs, des places publiques ainsi que de nouvelles voies de circulation et d’accès au site.
« C’est un jalon important qui confirme notre intention de collaborer avec la Société immobilière du Canada [pour ce projet immobilier] », indique au Devoir Catherine Fournier, mairesse de Longueuil.
Elle se réjouit que l’organisme fédéral ait confirmé sa volonté de « prioriser Longueuil » parmi ses projets potentiels dans la région de Montréal. Ce nouveau quartier sera construit sur un vaste terrain vague qui appartient en majeure partie au gouvernement canadien.
À pied, en bus, à vélo
Ce quartier sera établi sur une bande de terre située entre l’autoroute 132 et le fleuve, derrière le quadrilatère qui abrite la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke. La Ville compte construire une passerelle pour piétons et cyclistes au-dessus de l’autoroute, entre le métro et le nouveau développement immobilier, précise la mairesse.
« On veut que ce soit un quartier modèle en matière de mobilité durable. Les déplacements à pied, à vélo et en transports en commun sont au coeur du projet », explique Catherine Fournier.
Des dizaines de milliers de voitures continueront de circuler chaque jour sur les voies rapides qui ceinturent le quadrilatère du métro Longueuil, notamment vers le pont Jacques-Cartier situé juste à côté.
La Ville compte toutefois s’assurer que des voies réservées aux autobus seront aménagées dans le secteur avant même la construction des immeubles. Une série d’axes routiers seront réaménagés. Deux nouvelles bretelles d’accès au site seront construites. Des discussions sont prévues avec le ministère des Transports et de la Mobilité durable, qui est responsable de la route 132 et de ses bretelles.
L’accès au futur quartier en transports en commun, à pied ou à vélo est jugé essentiel, parce que le taux de stationnements privés offerts dans ce nouveau quartier sera relativement bas par rapport aux normes actuelles, explique la mairesse. Des études techniques révèlent que la profondeur des stationnements souterrains devra être limitée en raison de la proximité du fleuve, selon elle.
Réflexion pour une école
Pour éviter de répéter l’erreur commise dans la création de Griffintown, dans le sud-ouest de Montréal, la Ville de Longueuil et la SIC s’engagent à évaluer rapidement les besoins d’une école et d’un service de garde.
Catherine Fournier interpelle le ministère de l’Éducation pour qu’il assouplisse les normes dictant l’architecture scolaire : étant donné que l’espace est limité, elle souhaite que la future école primaire soit érigée en hauteur et que des aires de jeu pour les enfants soient aménagées à chaque étage ou sur le toit de l’immeuble, par exemple.
Elle est allée visiter une école de cinq ou six étages à Copenhague, au Danemark, où chaque niveau scolaire avait son propre étage muni d’une terrasse pour les récréations. « Ce n’est pas une école munie d’une cour de récréation comme les nôtres, mais les enfants avaient l’air heureux », lance la mairesse.
Logements abordables
La Ville de Longueuil et la SIC conviennent aussi que le projet doit permettre la création d’un quartier « socialement et économiquement diversifié, notamment par l’insertion de logements sociaux et abordables ». Catherine Fournier tient à ce que des terrains soient réservés pour permettre à des groupes à but non lucratif d’y construire des logements sociaux.
La SIC précise au Devoir que ses lignes directrices prévoient au moins 20 % de logements sociaux ou abordables dans tous ses projets immobiliers au Canada.
« On sent que la mairesse et son équipe veulent faire avancer rapidement le projet », se réjouit Marcelo G. Wiuckstern, porte-parole de la SIC.
Catherine Fournier envisage la présence de plusieurs types d’immeubles, et non seulement des tours en hauteur, comme celles qui sont en construction au-dessus de la station de métro et ailleurs dans le futur « centre-ville » de Longueuil. « On ne veut pas faire une barrière de tours. La notion de paysage est importante dans le projet », résume-t-elle.
L’entente confirme la volonté des partenaires de voir naître le quartier « dans un avenir rapproché ». La mairesse souhaite que le chantier soit lancé d’ici cinq ans. Au besoin, la lettre d’intention entre la Ville et la SIC peut être prolongée pour une autre période de cinq ans. Il faudra d’abord mener trois études — sur la mobilité dans le secteur, sur les berges et sur la faune.