Edit : ajout à 20h15 d’une réaction de la porte-parole de Benyamin Netanyahou.
C’est une scène d’épouvante qu’ont raconté les membres de la presse internationale qui avait été invités mardi par l’armée israélienne dans le kibboutz Kfar Aza, après l’attaque de ce village samedi par le Hamas. Tous ont raconté les maisons brûlées et attaquées par des combattants du Hamas, les corps des victimes ramassés par les soldats israéliens. 40 bébés figuraient-ils parmi les victimes de ce village, établi à environ cinq kilomètres de la barrière érigée entre la bande de Gaza et Israël ? Et certains ont-ils été décapités ? Cet effroyable décompte a été repris en une ce mercredi matin par la presse internationale. Le Hamas y a apporté un démenti ce mercredi dans un communiqué relayé par Al-Jazeera.
Sur le réseau social X, ce sombre décompte de 40 bébés morts s’est aussi rapidement propagé. « 40 bébés tués » a ainsi commenté le compte officiel de l’Etat d’Israël sur X, en relayant un reportage de la chaîne I24 News.
La journaliste d’I24 News, Nicole Zedek, y parle de « bébés avec la tête coupée, de familles tuées par balle dans leur lit », en donnant comme source les soldats présents sur place. Dans une autre vidéo également diffusée par la chaîne d’information israélienne, Nicole Zedek, qui est la correspondante anglophone de la chaîne, évoque des « bébés emportés sur des civières ». Le présentateur l’interrompt alors et lui demande « Vous parlez de 40 bébés morts ? ». La journaliste lui répond : « C’est ce qu’un des commandants m’a dit ».
Dans un troisième extrait du reportage, la journaliste interviewe un soldat israélien, David Ben Zion, commandant adjoint de l’unité 71. « Nous avons marché de porte à porte, nous avons tué beaucoup de terroristes, explique le soldat. Nous sommes plus forts qu’eux. Ils sont très agressifs, très mauvais. Ils ont coupé des têtes de femmes, ils ont coupé des têtes d’enfants, mais nous sommes plus forts qu’eux. »
D’autres médias présents sur place ont rapporté le même récit de ce soldat, tout en précisant ne pas avoir été en capacité de vérifier de manière indépendante ces affirmations. C’est ce qu’écrivent le journal britannique The Independent ou la BBC. Le journaliste présent pour Le Monde souligne quant à lui, dans un article publié mercredi matin, que « des rumeurs de multiples décapitations d’enfants ont circulé », mais rappelle qu’« aucun officiel israélien ne les a, pour l’heure, confirmées ». Le New York Times, qui s’est également rendu dans le kibboutz, ne mentionne pas de bilan de l’attaque ni des décapitations.
Le ministère des Affaires étrangères israélien pas en mesure de confirmer le nombre de « 40 bébés assassinés »
CNN a diffusé le témoignage d’un second soldat à Kfar Aza, qui n’est pas nommé, qui raconte que les assaillants « ont coupé des têtes de gens » (à 3’40 dans cette vidéo). L’agence de presse Reuters rapporte quant à elle les propos d’un général de division, Itai Veruv, qui était présent sur place, et qui évoque des décapitations.
Tal Heinrich, porte-parole de Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, a confirmé mercredi auprès de la radio britannique LBC que des soldats ont fait état de bébés et de jeunes enfants décapités.
Une source au sein de l’ONG israélienne Zaka* a confirmé au média américain CBS News avoir vu des atrocités à Kfar Aza. Yossi Landau, le responsable pour Zaka des opérations pour la région sud, a déclaré avoir vu de ses propres yeux des enfants et des bébés décapités.
Toutefois, le ministère des Affaires étrangères israélien a déclaré mercredi auprès de l’AFP ne pas être en mesure « à ce stade » de confirmer le nombre de « 40 bébés assassinés ».
L’armée israélienne n’a, au moment où nous écrivons ces lignes, communiqué aucun bilan sur le massacre survenu à Kfar Aza, ni n’a confirmé des décapitations. Interrogé dans la nuit de mardi à mercredi sur CNN, un porte-parole de l’armée a évoqué des « corps brutalement mutilés ».
Le militaire a noté que « l’ampleur et la nature barbare de ces attaques sont quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant », avant de souligner : « Comme vos journalistes l’ont vu aujourd’hui, alors que nos forces traversent le sud et nettoient maison par maison, s’assurant qu’il n’y a plus aucune présence terroriste, nous commençons à entendre ces histoires. Nous commençons à trouver ces corps qui ont été brutalement mutilés, des communautés entières massacrées. »
Kfar Aza n’est pas le seul kibboutz qui a été le lieu d’un massacre. Une autre attaque du Hamas dans le kibboutz de Be’eri, distant de moins d’une dizaine de kilomètres de Kfar Aza, a causé la mort de « plus de 100 » personnes, avait indiqué lundi Moti Bukjin, porte-parole de l’ONG Zaka.
* Sollicitées dans le cadre de cet article, ni l’armée israélienne ni l’ONG Zaka n’ont donné suite. Nous mettrons cet article à jour si des éléments nouveaux nous parviennent.
