Ça se passe dans toutes les cours de récré et beaucoup de filles en souffriront toute leur vie

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Ça se passe dans toutes les cours de récré et beaucoup de filles en souffriront toute leur vie

Une pratique récurrente et presque banale dans les cours d’école crée un vrai problème pour de nombreux enfants, en particulier les petites filles.

Les enfants ne parlent pas beaucoup à leurs parents de ce qu’ils font en classe et encore moins dans la cour de récréation. Depuis quelques années toutefois, des travaux de sociologues sont menés dans les cours d’école pour tenter de comprendre ce qui se passe lors des temps de jeu et de détente, notamment pour identifier ce qui pourrait générer des inégalités entre les filles et les garçons.

Le travail mené par Édith Maruéjouls, géographe spécialisée dans la question du genre, a récemment montré comment des jeux pourtant anodins influencent l’avenir des filles et des garçons. Dans son ouvrage “Faire je(u) égal”, elle fait le constat suivant : dès la petite enfance, les enfants se regroupent souvent en fonction de leur genre. Les garçons se positionnent au centre de l’espace, gardant pour eux les activités physiques, sportives et bruyantes, tandis que les filles sont reléguées sur les côtés, dans des zones morcelées et dans la discrétion.

Dit plus simplement, les garçons jouent au foot ou à une activité similaire au centre de la cour, où l’on se montre beaucoup, on épate, on est dans la performance, on fait parler de soi. Les filles sont en revanche dans des recoins, pour jouer à la corde à sauter par exemple. “Quand on dit les “petits jeux de filles”, il y a là la question de l’égale valeur de ce qu’elles portent par rapport aux garçons. En gros, pour discuter ou jouer au papa et à la maman, se mettre sur une marche ou dans les coins, ça suffit bien. Ça pose une question de centralité mais aussi de légitimité de leurs jeux”, expliquait Édith Maruéjouls récemment dans Ouest-France.

Cette séparation dans la cour crée une séparation symbolique entre les filles et les garçons qui se répercute plus tard dans la société : les femmes sont surreprésentés dans les métiers du soin (infirmières, aides soignantes, aides à domicile, petite enfance…), souvent dévalorisés financièrement. En revanche, on retrouve une faible proportion de filles dans les métiers où l’on performe, ou l’on dirige, où l’on est valorisé en prenant la parole en public.

Comment changer cela ? Pour Édith Maruéjouls, il est crucial d’agir dès le plus jeune âge pour apprendre aux enfants à partager l’espace de manière égalitaire en créant des lieux communs, favorisant ainsi l’inclusion et la mixité.  “La question de la liberté, c’est d’abord la question de l’égale liberté. Un exemple, une fille qui veut jouer au foot dans la cour de récréation mais qui ne le peut pas car les garçons ne veulent pas, peut-on encore parler d’espace de liberté ?”, s’interrogeait-elle aussi dans Ouest-France, ajoutant : “Ce qui fait exclusion, c’est d’être une fille”.

Elle souligne le rôle des parents et des enseignants dans la promotion de la mixité, notamment faisant réfléchir les enfants sur leurs amitiés, sur leurs jeux ou leurs fêtes d’anniversaire. L’auteure propose également une réflexion sur les toilettes scolaires, suggérant une approche mixte pour favoriser un environnement inclusif et sécurisé pour tous les enfants.

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