La police de London s’excuse auprès de la victime présumée d’une agression sexuelle commise par cinq hockeyeurs

La police de London, en Ontario, s’est excusée auprès de la présumée victime d’une agression sexuelle commise en 2018 par cinq anciens membres de l’équipe mondiale de hockey junior du Canada. De nombreux détails de cette affaire demeurent toutefois confus à l’issue d’une conférence de presse, annoncée depuis deux semaines. 

« Je tiens à présenter, au nom du service de police de London, mes excuses les plus sincères à la victime et à sa famille pour le temps qu’il a fallu pour en arriver là », a déclaré le chef du service de police de London, Thai Truong. « Cela ne devrait pas prendre autant de temps. Cela ne devrait pas nous prendre des années et des années pour arriver au résultat d’aujourd’hui », a-t-il ajouté. 

Il aura fallu plus de cinq ans pour que les hockeyeurs en question soient accusés d’agression sexuelle. Dillon Dubé, Cal Foote, Alex Formenton, Carter Hart et Michael McLeod ont chacun été accusés d’un chef d’agression sexuelle, a confirmé lundi la police, qui dit avoir « trouvé des motifs suffisants » pour inculper les cinq hommes. Michael McLeod, joueur des Devils du New Jersey, fait aussi face à un autre chef d’accusation, celui d’avoir « aidé quelqu’un d’autre à commettre l’infraction », a précisé la sergente-détective Katherine Dann, en charge de l’enquête. 

Les quatre joueurs de la Ligue nationale de hockey, ainsi que M. Formenton, qui évolue en Suisse, se sont rendus à la police, et ont été « libérés sur engagement », a indiqué M. Truong. Par le biais de leurs avocats, ils ont comparu en cour en matinée, et ont été convoqués à nouveau le 30 avril, à l’issue d’une audience qui a duré moins de 15 minutes. Les avocats des cinq athlètes, apparus en visioconférence, avaient déjà déclaré avant l’audience que leurs clients plaideraient « non coupable » aux accusations.

Les accusations concernent une agression sexuelle présumée survenue dans un hôtel de London, le Delta Hotels by Marriott London Armouries, dans la nuit du 18 au 19 juin 2018. La police de London avait été avisée des allégations de la jeune femme « dans les jours qui ont suivi » la présumée agression, mais avait fermé le dossier en 2019 sans porter d’accusations. 

La version des faits de la plaignante a également été détaillée dans une poursuite civile intentée en avril 2022 pour 3,55 millions de dollars contre huit joueurs, Hockey Canada et la Ligue canadienne de hockey. La poursuite, rendue publique en 2022 par le journaliste de TSN Rick Westhead, a été réglée à l’amiable, selon le réseau sportif, grâce à un fonds de Hockey Canada visant à étouffer l’affaire. Mais devant l’indignation du public, l’enquête policière a été rouverte en juillet 2022.

Selon M. Truong, le service de police ne disposait pas, en 2019, de motifs d’accusation suffisants pour donner suite à la plainte. « Je peux confirmer que certains éléments de preuve n’étaient pas disponibles lorsque l’enquête s’est achevée en 2019 », a ajouté Mme Dann. Les deux officiers n’étaient, à cette époque, pas impliqués dans le traitement de cette affaire. 

Peu d’éclaircissements

Lundi matin, devant plus d’une vingtaine de journalistes et quelques curieux venus assister à la première séance au tribunal de cette affaire hautement médiatisée, la procureure adjointe de la Couronne, Heather Donkers, a déclaré disposer de preuves « substantielles » à transmettre aux avocats de la défense, tant par écrit qu’en audio et en vidéo. Des éléments de preuve supplémentaires seront transmis dans les prochaines semaines, a-t-elle ajouté. Un avis de non-publication sur l’identité de la présumée victime et celle de deux témoins a toutefois été imposé par la juge.

La conférence de presse, à laquelle le service de police avait convié les médias il y a près de deux semaines, n’a offert que peu d’éclaircissements sur l’affaire, malgré les nombreuses questions posées par les médias. « Il y a un lieu et un temps pour que je fournisse ces réponses. Et ce moment, ce n’est pas maintenant », a affirmé M. Truong, qui ne veut pas « compromettre la procédure judiciaire en cours ». 

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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