Steam accepte désormais les contenus générés par IA – Actu

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En juillet dernier, Steam avait mis le holà sur les jeux intégrant des contenus par IA, dénonçant un “flou juridique” propice aux malfaçons. La plateforme PC explique avoir fait ses devoirs pour mieux comprendre le fonctionnement du secteur. “Nous avions besoin de temps pour assimiler les technologies par IA, leur évolution rapide et leurs contours juridiques brouillons, étant donné la portée mondiale de Steam,” explique le communiqué officiel. “Nous avons passé les derniers mois à dialoguer avec des développeurs et apprendre comment fonctionnait cette sphère. Nous modifions donc notre politique sur les jeux intégrant des technologies IA. Cela nous permettra de distribuer la majorité des jeux qui l’utilisent.

Règles, protections, signalements

Qui l’utilisent responsablement selon Gabe Newell, devrait-on ajouter avec un astérisque. Car l’intégration de contenus générés par IA reste soumise à validation. Tout développeur voulant distribuer un logiciel à travers Steam doit remplir un questionnaire préalable sur les contenus inclus : violence, sexe, drogues, jeux d’argent… Et ce questionnaire inclut maintenant des questions ciblant spécifiquement la présence de contenus générés par IA.

Steam divise la génération de contenus en deux catégories. D’une part, les contenus “pré-générés“, soit “tout contenu (art/code/son/etc.) créé à l’aide d’outils par IA durant le développement“. Les développeurs devront jurer que leurs IA n’ont été alimentées qu’avec des contenus libres de droits – ou, le cas échéant, des contenus dont le studio possède lui-même les droits. Le produit final devra également correspondre aux visuels promotionnels. “Dans notre revue de pré-publication, nous évaluerons la présence de contenus générés par IA dans votre jeu comme nous évaluons le contenu non-IA“, assure Steam. D’autre part, les contenus “générés en direct“, à la volée, comme des dialogues interactifs, par exemple. Steam exige de préciser quels “garde-fous” sont implémentés pour empêcher l’intelligence artificielle de générer des contenus illégaux, comme la recette du napalm ou des clés Windows 10 fonctionnelles.

Le jeu de puzzle This Girl Does Not Exist avait essuyé les plâtres en 2022 avec des contenus intégralement générés par IA : doublage, visuels, sons...
Le jeu de puzzle This Girl Does Not Exist avait essuyé les plâtres en 2022 avec des contenus intégralement générés par IA : doublage, visuels, sons…

Les informations fournies par les développeurs seront également affichées sur la fiche produit le cas échéant, afin d’informer les consommateurs sur la présence et la nature du contenu généré par IA. Steam compte d’ailleurs partiellement sur la communauté pour chasser les mauvais élèves : un nouveau système de signalement sera implémenté à travers l’overlay maison pour tirer la sonnette d’alarme quand les contenus générés en direct versent dans l’illégalité. Steam rendra alors jugement. Si les pénalités potentielles des contrevenants ne sont pas précisées, il est très probable que la plateforme déliste et/ou supprime définitivement le jeu pour s’éviter des ennuis juridiques selon la nature de l’infraction. Pour anecdote, les jeux pornographiques ont l’interdiction formelle de générer des contenus par IA en direct, pour des raisons tristement évidentes.

Intelligence artificielle, problèmes concrets

Une excellente nouvelle pour la sphère IA dont le timing n’aurait pas pu mieux tomber : star du salon CES 2024, l’intelligence artificielle polarise tous les débats informatiques de l’année, et sa croissance exponentielle semble vouée à nous souffler deux ou trois fois d’ici la fin de l’année. Paradoxalement, le débat sur la propriété intellectuelle n’a jamais été plus intense. Actuellement en procès contre le New York Times, qui l’accuse de vol caractérisé, la compagnie OpenAI (créatrice de ChatGPT) a argumenté qu’il était simplement impossible de créer un outil génératif sans s’appuyer sur des œuvres copyrightées. “Limiter nos données d’entraînement aux œuvres du domaine public, créées il y a plus de cent ans, pourrait être une expérience intéressante mais n’aboutirait à des systèmes IA répondant aux besoins de nos concitoyens.

Ces nouvelles mesures favorisant les contenus par IA remettent aussi la question de l’emploi sur la table. Dès avril 2023, le média Rest of World rapportait que de nombreux studios chinois de jeux vidéo préféraient utiliser des contenus générés par IA plutôt que faire appel à des graphistes humains dans une logique de réduction des coûts. Dans l’Hexagone, c’est à Courbevoie que la société de veille médiatique Onclusive a remercié 217 salariés pour les remplacer par une intelligence artificielle. Même méthode chez l’application linguistique Duolingo qui a limogé 10% de son personnel la semaine dernière.

La nouvelle politique de Steam rentre en application dès aujourd’hui. Précisons que Steam accueille déjà quelques jeux intégrant des contenus générés par IA. Par exemple, le FPS compétitif The Finals n’intègre que des doublages artificiels.

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