un énorme réseau de villes millénaires sous la jungle

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Cette découverte change l'histoire de la forêt amazonienne : un énorme réseau de villes millénaires sous la jungle

La découverte d’un antique réseau urbain au cœur de l’Amazonie remet en question l’histoire de la région.

Emblème de la lutte pour la sauvegarde de l’environnement, l’Amazonie est une des trois forêts primaires les plus importantes de la planète. Et de nombreux secrets sont enfouis sous ses sept millions de kilomètres carrés de végétation. Certaines zones sont en effet très difficiles à explorer, si bien que dans plusieurs cas, seules des observations aériennes ont pu être réalisées. Il s’agit également de zones jugées hostiles. Seules quelques tribus de chasseurs-cueilleurs ont probablement vécu dans ces régions, où aucune forme de civilisation n’a pu se développer. L’absence de marqueurs archéologiques en témoignerait. C’est tout du moins ce que pensaient les chercheurs jusqu’à une récente découverte.

Comme le confirme la revue Science le 11 janvier 2024, un vaste réseau de cités-jardins vieux de 2500 ans a récemment été découvert en Equateur, le long de la rivière Upano et non loin du volcan Sangay. Si la science confirme l’existence de ce site, cela voudrait dire qu’une civilisation s’est implantée dans la région au XVIe siècle. La cité découverte pourrait même correspondre à la description du dominicain Gaspar de Carvajal, qui a observé un réseau similaire lors de son voyage en Amérique latine, aux côtés de l’espagnol Francisco de Orellana, fin 1541. Son récit raconte qu’aucun “village n’était distant de l’autre de plus d’un tir d’arbalète (…), et il y avait un village qui s’étendait sur cinq lieues sans interruption d’une maison à une autre, ce qui était une chose merveilleuse à voir”. 

La théorie qu’une ville perdue en Amazonie a prospéré le long du fleuve Upano semble confirmée par les travaux du Français Stéphen Rostain, directeur de recherche au CNRS et premier signataire de l’article de Science. Au cours de ses 25 années de recherches, il a mis en lumière des vestiges d’habitations bâties sur des monticules artificiels les protégeant du sol détrempé. Au total, une centaine de vestiges de ce type ont été découverts en plus de restes d’anciennes structures ensevelies par la végétation. C’est lorsque M. Rostain et son équipe y ont enfin eu accès en 2020, qu’ils ont réalisé la véritable ampleur du site.

Le chercheur français a confié au du Monde avoir trouvé cinq grandes zones d’habitations dans la vallée du fleuve. Les villes étaient toutes reliées par de larges routes droites avec tout un réseau de rues dans les différents quartiers. Les recherches démontrent que ces villes étaient habitées par des colonies séparées par des champs cultivés. Les archéologues estiment que ce réseau pourrait s’étendre bien au-delà de leur zone de recherche, voire rivaliser avec les cités mayas.

Il s’agirait même du réseau urbain le plus ancien et le plus complexe d’Amazonie, datant de près d’un millénaire avant l’arrivée des autres civilisations de la région. Les études estiment que la société présente sur ce site y aurait vécu jusqu’au milieu du premier millénaire, puis se serait déplacée après une éruption du volcan voisin, le Sangay. Les archéologues devront encore poursuivre leurs recherches afin d’en apprendre davantage sur la complexité et l’organisation de cette ancienne société.

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